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5 Monumento nacional Guayabo

  1. Costa Rica: Musée de l’or
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  4. 4 Réserve de La Selva
  5. 5 Monumento nacional Guayabo
  6. 6 Parc Carara
  7. 7 Parc Carara
  8. 8 Fleuve Sarapiqui
  9. 9 Puntarenas, Tarcoles
  10. 10 Inventaire
23 min - temps de lecture moyen
20 février au 8 mars 2015
Séjour naturaliste guidé par Dimitri Marguerat – Groupe : 2 Suissesses (Anna-Maria et Joseline) – 1 Provençale (Pascale) – 5 du Pays basque (Jean-François, Viviane, Pascal, Jean-Louis et Cathy)
vendredi 20 février au dimanche 8 mars 2015
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Gunnera insignis (Sombrilla de pobre, ombrelle du pauvre) qui pousse au bord du cratère du volcan Irazú
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Épiphyte à Gavilan Lodge, près du Río Sarapiquí, versant caribéen

J’avais remarqué dans San José les rues aux trottoirs surélevés bordés de profonds caniveaux creusés parfois de trous. Nous sommes à une latitude où la pluie est un paramètre important à prendre en compte dans la voirie. Lorsque nous quittons la capitale ce dimanche dans la voiture de location conduite par Dimitri, une jolie lumière nimbe le paysage. Nous faisons connaissance avec les routes à deux voies seulement, plutôt étroites en général. Nous nous rendons près de Puerto Viejo, à Gavilan Lodge en bordure du fleuve Sarapiqui situé de l’autre côté de la chaîne de montagne centrale. Dans la longue montée, la route est en réfection, ou bien en agrandissement à l’espagnole, en râpant la montagne sur une grande hauteur. Au lieu de procéder par courts tronçons, de façon à ne pas trop gêner la circulation, les travaux se font sur des kilomètres. A un moment donné dans la montée, nous nous trouvons bloqués par un feu sans savoir quand il tournera au vert (un quart d’heure, une demi-heure, une heure d’attente, davantage ?). Nous apprenons la patience et le détachement. Les nuages rampent sur les reliefs, une bruine sourd par moment et le paysage s’estompe. Lorsque nous franchissons cet obstacle en roulant au ralenti sur la piste caillouteuse, nous voyons changer la végétation, les feuilles des plantes deviennent énormes, au diamètre couramment supérieur au mètre, je rêve à la vue de fougères géantes, des cascades ruissellent de partout, il y a aussi des fougères arborescentes, un fouillis de plantes luxuriantes, très vertes, très denses. C’est vraiment magnifique, dommage qu’il y ait si peu de lumière dans ce brouillard mouvant. Nous avons tant perdu de temps que nous ne pouvons faire halte pour profiter un peu de ce premier dépaysement.

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Cratère Diego de la Haya avec les traces d’un lac résiduel (Volcan Irazú)
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Monolithe du Jaguar et du Lézard (Site archéologique Guayabo)

Sitôt passé le col, nous entreprenons une descente de mille mètres de dénivelé sur le versant caribéen, le plus arrosé du pays. La température augmente au fur et à mesure que nous perdons de l’altitude. Les arbres grandissent également et ils se couvrent de plantes épiphytes. Laissant la direction de Guapiles sur notre droite, nous avançons plein nord, traversons le rio Sucio (sale) dont le nom évoque les dépôts sulfureux effectués par le volcan Irazú qui s’est réveillé fréquemment au cours des derniers siècles (la dernière fois en 1963). Pourtant, il est situé à l’intérieur d’un parc national que nous visiterons en fin de séjour en nous rendant en voiture jusqu’à la caldéra accessible jusqu’à 15h30, dernier délai (après quoi, les nuages descendent et les conditions météorologiques se dégradent). Nous nous pencherons pour essayer d’apercevoir au-delà des barrières de protection les vestiges du lac acide de couleur verte qui s’est lentement évaporé à l’intérieur du cratère, suite à la reprise de l’activité volcanique. Sur ses contreforts vivait encore en 1569 un peuple indigène appelé Istarú ou Iztarú. Au cours du temps, ce nom se serait déformé jusqu’à aujourd’hui.

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Monolithe du Jaguar et du Lézard (Site archéologique Guayabo)
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Feuille à contrejour devenue une vraie passoire, dévorée par les insectes

Pourtant, l’usage de cette appellation du volcan est relativement récent, elle n’est pas mentionnée dans les documents des XVIe et XVIIe siècles, où il est désigné par “volcan de Carthage” (Cartago, la ville en contrebas). Par contre, il existe un nom de famille en basque, Irazú, qui signifie « lieu de fougères » et sur les contreforts du volcan les fougères arborescentes se trouvent facilement. Peu après notre retour en France, le 12 mars, alors que nos deux Suissesses prolongent leur séjour et visitent la côte caribéenne, le volcan Turrialba voisin d’Irazú entre en éruption, éjectant tellement de cendres que l’aéroport situé à une trentaine de kilomètres à vol d’oiseau doit interrompre son activité pendant un jour ou deux. Une nouvelle éruption a lieu le 4 mai, avec éjection de gaz, de cendres et de pierres. Nous avons eu de la chance, car nous étions hébergés les 6 et 7 mars sur son flanc pour être à proximité du site archéologique “Monumento nacional Guayabo” où nous nous sommes rendus.

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Cratère principal du Volcan Irazú aux abords très fleuris
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Lune le 23 février
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Demoiselle costaricaine

Avec le déboisement et les brûlis répétés qui empêchent la végétation naturelle (la forêt) de se reconstituer, des prés d’herbes et de graminées où paissent les vaches, ainsi que les maisons disséminées un peu partout, donnent un petit air européen à cette contrée tropicale qui perd beaucoup de son charme et de sa richesse végétale (et animale). Nous traversons le Río Frío (Rivière froide) qui coule dans un paysage de bocage où sur la terre rouge fraîchement labourée poussent des cultures diverses (dont de jeunes palmiers pour la production d’huile). Au Costa Rica, un “soda” est un petit restaurant familial, de style snack-bar, remarque Dimitri à notre passage devant l’un d’eux. Près du río Isla Grande, nous observons quantité d’urubus, des vautours que nous observerons tout au long de notre séjour, dans tous les milieux, y compris sur une plage de la côte Pacifique ou sur la berge d’une rivière, à dépecer un poisson mort, en groupe comme à leur habitude. La route se termine en piste où Dimitri roule très au ralenti pour que nous ne soyons pas trop secoués et “cassés” dès le début du voyage. Derrière un bosquet de bambous immenses, nous débouchons au Gavilan Lodge où une clairière a été transformée en pelouse parsemée de parterres fleuris et entourée de bungalows. Tout près de la terrasse couverte où nous dînons, la table a aussi été mise pour les oiseaux : sous un groupe de buissons et d’arbres a été installée une planchette surélevée où sont disposés des fruits. Impossible pour nous de manger !

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La curieuse silhouette du basilic, un lézard à crête sur la tête et le dos, également attiré par les fruits déposés pour les oiseaux

Nous sommes sans cesse interrompus par l’arrivée d’une nouvelle espèce que nous observons à la jumelle, toutes plus jolies les unes que les autres ! La concurrence est rude et l’agitation atteint son comble lorsque les oiseaux se retrouvent à 6 ou 7 ensemble sur l’étroite plateforme. La méfiance règne, ils se déplacent constamment en se surveillant mutuellement, guettent depuis un rameau bas avant de s’élancer d’un coup d’aile, s’échappent tout aussi prestement, cherchent à dérober une becquée en cachette en s’agrippant au bord de la planchette. L’abondance ne suffit pas à les tranquilliser, ils savent qu’elle ne durera que le temps de notre repas, et qu’il faudra attendre ensuite le lendemain matin, à l’heure de notre petit-déjeuner.

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Des fruits pour les oiseaux (Merle fauve, Tangara à croupion rouge, Tyran quiquivi)
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Moucherolle à longs brins
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Dendrobate “blue-jean”

Le Costa Rica est l’endroit du monde le plus adapté à l’observation des amphibiens. Le climat tropical humide et les forêts denses et obscures sont un habitat idéal. Le pays en recense pas moins de 192 espèces dont 33 d’entre elles sont endémiques. A eux seuls ils représentent 3% de la biodiversité mondiale !!! Mais ce n’est pas si facile de les dénicher. La majorité est nocturne, ils recherchent la fraîcheur et veillent à ne pas se déshydrater. De jour, ils évitent la lumière et le soleil direct. De nature peureuse, de nombreuses espèces ont développé un art du camouflage impressionnant et seuls quelques spécimens portent haut et fort des couleurs éclatantes. Parmi ceux-ci les dendrobates comme la fameuse Blue-jean ou Dendrobates fraise (Oophaga pumilio), la grenouille tueuse (Dendrobates Auratus) ou celle du Golfo Dulce (Phyllobates Vittatus) qui préviennent ainsi le prédateur éventuel de leur toxicité. Peu avant la tombée de la nuit, Dimitri part en quête des deux premières, la troisième se trouvant à l’opposé sur la côte Pacifique. C’est une affaire de persévérance, il finira par découvrir la petite grenouille bleu et rouge (17 à 24 mm), parmi les feuilles mortes tombées sur une sente herbeuse humide, mais il cherchera en vain la deuxième, noir et jaune, à peine un peu plus grande (les mâles mesurent de 25 à 39,5 mm et les femelles de 27 à 42 mm). Leur comportement de la Blue-jean est intéressant. Le mâle conduit la femelle dans un lieu qu’il a choisi, de façon à ce qu’elle ponde ses trois ou quatre oeufs dans une feuille incurvée ou sur une litière humide. – Sur la photo ci-contre, la Moucherolle à longs brins se nourrit d’insectes, surtout d’hyménoptères et de coléoptères. Elle préfère les Abeilles trigones du genre Trigona, dépourvues de dard, qu’elle trouve dans les trous d’arbres dans la majeure partie de son habitat. Elle chasse depuis un perchoir à découvert, une branche exposée ou un arbre mort. Sa stratégie aérienne consiste à se précipiter pour capturer l’insecte en vol et à retourner ensuite au même perchoir ou à côté. Elle se nourrit souvent en couple ou en groupe familial. Quant à la grenouille Dendrobate “blue-jean” (Oophaga pumilio) sur la photo de droite, sa taille n’est que de 17 à 24 mm ! –

Après que le mâle les ait fertilisés, la femelle le quitte pour ne revenir qu’une semaine plus tard. Pendant ce temps, le mâle maintient leur humidité en vidant sur eux le contenu de sa vessie, il mange tout oeuf infecté par des champignons ou qui ne se développe pas normalement, ou encore qui a été déposé par un autre mâle. Au bout d’une semaine, les oeufs éclosent, la femelle revient et emporte les têtards après les avoir collés sur son dos grâce à un mucus très adhésif. Elle va les disperser à l’intérieur de divers aquariums naturels formés par l’entonnoir des feuilles de broméliacées parfois situés très haut dans la canopée d’un arbre. Pour les nourrir, elle pond en même temps un chapelet d’oeufs infertiles. Durant plus d’un mois, elle effectuera sa tournée, pondant à chaque fois des oeufs infertiles riches en protéines et nutriments. Les plantes hôtesses profitent de cet élevage : semi-carnivores, elles se nourrissent des déjections et des cadavres d’insectes abandonnés par les têtards. Les Blue-jeans ont peu de prédateurs et, une fois devenue adultes, elles peuvent vivre 5 à 6 ans. Toutefois, les oeufs peuvent être la proie de champignons, vers, serpents et même d’autres Blue-jeans. L’adulte se nourrit de petits invertébrés, parmi lesquels les fourmis et mites constituent 90% de son menu. Les alcaloïdes des fourmis contribuent, sans le déterminer, au degré de toxicité de la grenouille.

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Cassique de Montezuma (Oropendola)
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Rayons de cire construits autour d’un piquet métallique à l’abri d’un petit toit par un essaim d’abeilles ou de guêpes noires (?)

Liste des 46 oiseaux observés (vus et/ou entendus) le 22 février autour du Gavilan Lodge à Puerto Viejo au bord du Sarapiqui : Tinamou soui (E), Pénélope panachée, Onoré du Mexique, Grande Aigrette, Aigrette neigeuse, Héron garde-boeufs, Urubu noir, Urubu à tête rouge, Milan à queue fourchue, Pigeon biset, Pigeon à bec noir, Martinet à collier blanc, Mango de Prévost, Motmot à tête bleue, Toucan tocard, Pic de Pucheran, Pic de Hoffmann, Amazone poudrée, Barara rayé (pyjama), Moucherolle à longs brins, Tyran quiquivi, Tyran sociable, Tyran à tête grise, Tyran mélancolique, Tityre masqué, Bécarde cannelle, Hirondelle à gorge rousse, Hirondelle des mangroves, Troglodyte à calotte noire (E), Merle fauve, Paruline des ruisseaux, Tangara ceinturé, Tangara à croupion rouge, Tangara évêque, Tangara des palmiers, Calliste à coiffe d’or, Tangara émeraude, Jacarini noir, Sucrier à ventre jaune, Saltator des grands bois, Tohi ligné, Bruant chingolo, Quiscale à longue queue, Vacher bronzé, Oriole monacal, Cassique de Montezuma.

Le lendemain, je me réveille encore très tôt. Avant même les premiers chants d’oiseaux retentissent les cris des singes hurleurs (en espagnol : mono congo, mono aullador, nom latin : Alouatta palliata) qui doivent être dans les cimes d’arbres très proches de notre clairière : le son résonne puissamment, il n’est pas effrayant, mais impressionnant, entre le rugissement, l’aboiement enroué et le hurlement d’un loup. Surtout, il est long et répétitif. Les mâles se défient depuis des postes éloignés. C’est à ce moment-là que je réalise avec une joie immense que je suis vraiment dans un autre monde ! Les singes hurleurs se nourrissent essentiellement de feuilles, fleurs et fruits. La réduction des forêts primaires, l’usage des pesticides qui leur provoquent des maladies (de nombreux individus sont affectés de cataracte) et le braconnage (vente des petits après avoir tué la mère) sont les principales causes de leur raréfaction. Ils s’adaptent toutefois à différents milieux, forêts secondaires, forêts à feuilles semi-caduques, forêts humides ou sèches, de montagne, de nuages, mangroves. Avant le petit-déjeuner, nous nous rendons sur la rive du Río Sarapiquí où nous observons un grand échassier au dos gris, l’Onoré du Mexique, des urubus noirs, des urubus à tête rouge et un rapace perché au sommet d’un arbre, très loin sur l’autre rive.

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Carte de la région du Sarapiqui (réserve La Selva)
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Des feuilles énormes et superbes
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Nid de colibris

Après le petit-déjeuner, nous nous rendons à la Selva, station biologique la plus réputée du pays, qui est le siège de l’Organisation pour les Études Tropicales que j’ai évoquée plus haut, initiée par des universités nord-américaines. La carte ci-dessus montre qu’il s’agit d’une forêt plantée (vert clair) jouxtant une forêt sans doute naturelle (vert foncé), ce qui n’est pas précisé. En jaune figurent les bananeraies, en rose les plantations d’ananas et en beige les pâturages* dont la superficie couvre 35% du Costa Rica. Notre guide local, Lenin, nous explique que la réserve se trouve à l’emplacement d’un ancien pâturage qui, depuis 34 ans, se couvre d’une forêt secondaire. Dans le film de Luc Jacquet, Francis Hallé dit qu’il faut 700 ans pour qu’un espace défriché se reconvertisse en forêt primaire, nous sommes donc loin du compte. Bien que la biodiversité ne soit pas optimale au bout seulement d’un tiers de siècle, notre guide qui travaille depuis 8-9 ans dans cette structure nous montre beaucoup d’espèces. Un fond sonore continu emplit l’espace, ce sont les cigales et les criquets, invisibles. Depuis un pont qui enjambe un ruisselet profondément encaissé, Lenin nous montre sous une grande feuille semblable à celle du bananier ou de l’héliconia un amas de lichen suspendu : c’est un nid de colibri qui contient deux oeufs couvés par un oiseau dont on voit la queue qui dépasse. Son compagnon est en train de voleter alentour et nous avons la chance, d’observer le couple qui se relaie, un échange de place qui se produit en un clin d’œil ! Il s’agit de l’Ermite de Rucker, Dimitri vérifie sur sa “bible” la correspondance entre le nom anglais indiqué par le guide et le nom français qu’il nous donne. Chaque année le mâle revient chanter sur la même branche pour charmer une femelle. Cet oiseau vit une dizaine d’années ou même davantage. – Sur la photo ci-contre à droite, on distingue un nid de colibris fait de lichens entrelacés, suspendu à une grande feuille, avec l’oiseau en train de couver les œufs (on aperçoit sa queue qui dépasse).  –

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Motmot à bec large

deforestation 1(*) Voici le résumé d’une étude sur l’évolution des pâturages costaricains effectuée il y a une vingtaine d’années (1995). Le Costa Rica, principalement exportateur de matières premières, s’était lourdement endetté pour s’industrialiser rapidement. Mais trois événements y mirent un frein, la hausse du prix du pétrole décidée par l’OPEC en 1973, celle de 1979 et la récession du début des années 1980. Elle se traduisit pour le Costa Rica par une baisse de la demande de matières premières de la part des pays développés et par une hausse de 15% des taux d’intérêt de la dette extérieure à cause de la politique monétaire agressive des États-Unis qui cherchaient à réduire leur taux d’inflation en freinant “la pompe à billets” (les emprunts). Le chômage atteignit un très haut niveau, l’inflation s’installa avec des fluctuations dans les échanges, le pays tomba dans la dépression, l’appauvrissement, le désarroi économique.

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Motmot à bec large

Dans cette débâcle émergea l’idée que la solution résidait dans la restauration coûte que coûte des échanges extérieurs. Pour rétablir leur économie dépendante du dollar, beaucoup de pays d’Amérique latine, y compris le Costa Rica, se mirent à l’élevage bovin ou augmentèrent son volume, car la demande de bœuf de la part des États-Unis était alors extraordinairement élevée. L’exportation costaricaine de viande de bœuf quintupla entre les années 1960 et 1980, tandis que la superficie des pâturages passait de 27% à 54% au détriment des forêts, engendrant une très grande érosion des sols qui furent lessivés et perdirent leurs nutriments. Au total 11% des forêts pluviales d’Amérique latine furent détruites rien que pour être converties en pâturages. Ironie du sort, le Costa Rica gagne aujourd’hui davantage grâce à ses forêts pluviales préservées qu’il n’en gagna alors, suite à leur exploitation et leur destruction.

Au Costa Rica, les touristes naturalistes marchent le plus souvent la tête tournée vers les cimes des arbres, gare aux douleurs de cervicales ! Il n’y a pas d’autre moyen de repérer le paresseux par exemple, toujours installé sur les plus hautes branches. Lenin nous en montre un justement, de l’espèce à deux doigts, que nous voyons plutôt bien à la lunette, mais qui est beaucoup trop perdu dans les feuilles de la canopée pour pouvoir être photographié correctement. Nous verrons l’espèce à trois doigts sur l’Hacienda Baru. Dans le livre “Monkeys are made of chocolate“, Jack Ewing écrit que les deux espèces sont protégées et figurent à l’appendice II et III du CITES, le traité international de protection de la faune et de la flore.

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Termitière sur un tronc mort
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Détail d’un conduit d’accès, avec quelques termites à l’entrée

“Le plus grand danger qui les guette, c’est la destruction de leur habitat. Heureusement, écrit-il en 2005, celui-ci est en train de s’accroître de nouveau car les propriétaires de la région de Dominical, autour de l’Hacienda Baru, se mettent également à convertir leurs pâturages en forêt secondaire. C’est la lenteur des mouvements du paresseux qui lui a valu son nom en français. Il est vrai qu’il dort environ vingt heures par jour, ce qui le place au second rang juste après le koala. Pourtant, il y a huit millions d’années, quand les forces géologiques ont formé l’Amérique centrale, les premiers mammifères sud-américains à poser le pied sur l’isthme furent deux espèces de paresseux terrestre qui durent nager sur plus de 60 km dans un océan aux eaux traîtresses pour atteindre le nouveau pays. Ils gagnèrent cette course cinq millions d’années avant quatre autres espèces de paresseux et beaucoup d’autres mammifères qui arrivèrent plus tard. Quand l’Hacienda Baru commença à restaurer les terres agricoles et les pâturages pour les reconvertir en forêt naturelle, les paresseux apparurent dans ces corridors juste après quelques années, alors que les nouveaux arbres étaient encore bien chétifs. Un article du journal local The Dominical Current montre une photo de paresseux dans la région de Dominical qui traverse une rue de San Clemente dans une zone qui fut déboisée il y a plus de cinquante ans. Cela faisait moins de dix ans que ces terres étaient en train de se régénérer en forêt secondaire. Dès qu’un habitat convenable existe, les paresseux s’y introduisent bientôt.”

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Termitière
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Papillon dont le rouge des ailes inférieures est caché lorsqu’il se pose

Lenin nous montre une drôle de masse terreuse construite à l’intersection de branches : il s’agit d’une termitière. Ces insectes jouent un rôle important dans le recyclage des fibres de bois mort, ils procurent une source alimentaire pour des mammifères tels que les tamanduas (fourmiliers) et leurs nids arboricoles forment des sites de nidification intéressants pour des oiseaux, par exemple les perroquets, le tamatia à front blanc (vu au parc Carara) et les trogons, ou encore pour des chauves-souris. Les dommages que ces insectes causent aux structures en bois font souvent préférer au Costa Rica des poteaux téléphoniques ou électriques en béton, et l’emploi de pilotis spécialement traités pour empêcher les termites d’atteindre les huisseries des maisons. On trouve les termitières aussi bien dans les forêts sèches qu’humides ou pluviales. Les ouvrières mâchent les fibres de bois pourri et les assemblent avec du jus fécal, ce qui donne du carton modelé en structures cellulaires. Le nid forme un abri relativement solide et étanche. Malgré leurs défenses chimiques, les termites sont mangées par les tamanduas, les lézards Norops et quelques autres insectes. Pour les contrer, des associations se constituent entre espèces différentes. Les abeilles sans dard du genre Trigona peuvent construire leur nid à l’intérieur d’un nid de termites arboricoles (Nasutitermes) ou dans une fourmilière (Azteca). Cette relation peut être sur le plan de la défense mutuelle, les fourmis offrant une protection contre les raids des fourmis Légionnaires (Eciton), tandis que les abeilles dissuadent le fourmilier (Tamandua tetradactyla) d’attaquer les fourmis. Certaines espèces de termite ont des soldats dotés de larges mâchoires qui mordent puissamment, mais, comme les termites détestent la lumière, la défense de la colonie ne s’étend pas généralement au-delà de la surface du nid. Pour cette raison, des oiseaux peuvent y creuser leur nid sans risque d’attaque. Il existe également des fourmilières arboricoles dont l’aspect ressemble aux termitières. Elles sont construites par le genre Azteca en Amérique dans le même matériau cartonné.

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Héron garde-bœufs
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Papillon dont le rouge des ailes inférieures est caché lorsqu’il se pose

Un agouti (Dasyprocta) traverse le sous-bois tranquillement. C’est un rongeur d’Amérique tropicale vivant dans les forêts pluviales. Il serait capable de percevoir à distance le bruit d’un fruit mûr tombant sur le sol. C’est aussi le cas des éléphants d’Afrique, comme mentionné dans le film “Il était une forêt”, avec Francis Hallé. L’agouti court parfois sous des bandes de singes qui se déplacent en hauteur de branche en branche pour recueillir les reliefs de leur repas tombés au sol. Quand la nourriture abonde, il collecte fruits et noix et les cache en différents endroits de son territoire pour s’en nourrir lors de périodes moins fastes. Bien sûr, il lui arrive d’oublier certaines de ses cachettes et les fruits et graines germent pour devenir, éventuellement, à leur tour des arbres. Cet animal a donc un rôle très important de disséminateur de semences pour la régénération de la forêt. Lorsqu’un mâle veut séduire une femelle, il l’arrose d’urine, ce qui a pour effet de la faire entrer dans une danse frénétique après laquelle elle se laisse approcher. 120 jours plus tard, elle donne naissance à un unique rejeton qu’elle introduit au fond d’un terrier à l’entrée trop étroite pour elle. A chaque fois qu’elle vient le nourrir, elle l’appelle, puis il retourne se cacher dans l’obscurité.

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Coati brun ou Coati à nez blanc (Nasua narica) observé sur le circuit des Toucans en forêt secondaire de piémont près de l’observatoire de l’activité volcanique de l’Arenal

Liste des 66 oiseaux observés (vus et/ou entendus) le 23 février à La Selva (Sarapiqui) : Grand Tinamou, Pénélope panachée, Aigrette bleue, Héron garde-boeufs, Urubu noir, Urubu à tête rouge, Chevalier grivelé, Pigeon à bec noir, Colombe de Cassin, Petit-Duc guatémaltèque, Engoulevent pauraqué, Martinet à croupion gris, Ermite de Rucker, Ariane aimable, Trogon de Masséna, Trogon pattu, Trogon aurore, Motmot roux, Motmot à bec large, Barbacou à front blanc, Jacamar à queue rousse, Araçari à collier, Toucan tocard, Pic de Pucheran, Pic de Hoffmann, Pic à ailes rousses, Pic roux, Pic à bec clair, Ara de Buffon, Grimpar enfumé, Grimpar bec-en-coin, Grimpar vermiculé, Grimpar cacao, Grimpar de Souleyet, Microtyran à calotte noire, Todirostre familier, Moucherolle à longs brins, Attila à croupion jaune, Tyran quiquivi, Tyran sociable, Tyran mélancolique, Manakin à col blanc, Tityre à tête noire, Bécarde cannelle, Hirondelle des mangroves, Troglodyte à calotte noire (E), Troglodyte à poitrine blanche, Gobemoucheron tropical, Grive à dos olive, Merle fauve, Paruline à flancs marron, Tangara à croupion rouge, Tangara évêque, Tangara des palmiers, Calliste à coiffe d’or, Calliste gris, Tangara émeraude, Jacarini noir, Sporophile variable, Mitrospin obscur, Bruant chingolo, Quiscale à longue queue, Oriole monacal, Cassique à bec jaune, Cassique de Montezuma, Organiste olive.

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