Oothèque de mante religieuse (Mantis religiosa) (elle peut en faire 2 ou 3!) : des centaines d’œufs sont déposés par le trou de ponte visible à la pointe. Ils sont dressés au milieu de l’enveloppe; les lamelles médio-supérieures constituent des voies de sortie et des voies aérifères pour les futures petites mantes. Les oothèques de mantes religieuses peuvent être parasitées par des Hyménoptères Proctotrypides ou Scélionides aux larves endoparasites d’œufs ou de pupes de divers insectes et d’œufs d’araignées.
Les petites bêtes rouges qui enveloppent les ajoncs de manchons de toile sont des acariens (Tetranychus lintearius) – Tetranychus, « qui a quatre griffes » et Lintearius, « relatif au linge » pour la ressemblance de ses toiles avec des nappes de tissu. Plus précisément, ce sont les femelles, car les mâles sont beaucoup plus petits (peut-être les petits points noirs sur cette photo bien zoomée). Ces animaux aux pattes articulées (Arthropodes) appartiennent au vaste ensemble des Arachnides (Araignées, Opilions, Scorpions, … ) et possèdent donc comme tous les autres quatre paires de pattes. Leur capacité à tisser des fils de soie se comprend aisément dans ce contexte de parenté. Ils se nourrissent à l’aide de leurs chélicères, ces « pinces » que l’on retrouve chez les araignées sous forme de crochets à venin, avec lesquels ils peuvent percer et absorber leur nourriture. L’acarien de l’ajonc appartient au groupe des végétariens libres. Pour se nourrir, cet acarien perce les cellules de la plante et en aspire tout le contenu ce qui tue les cellules ; à hautes doses, cette « prédation » va donc avoir des conséquences sur la physiologie de la plante hôte et se manifester notamment par l’apparition de taches claires sur les tiges et les « feuilles » de l’ajonc. La croissance de la plante s’en trouve plus ou moins affectée avec des pousses individuelles qui peuvent mourir ; l’attaque en début de saison réduit aussi l’intensité de la floraison et donc la fructification.
Cette communauté grouillante et innombrable se reproduit très vite : le temps de génération (de l’éclosion d’un œuf à la ponte à la génération suivante) varie de moins de trois semaines à 25°C à sept semaines à 15°C. Au cœur de l’été, en plein soleil (l’ajonc étant une espèce héliophile qui recherche des sites ensoleillés et chauds), la colonie s’accroît à toute vitesse, ce qui permet l’extension de la toile communautaire au fur et à mesure. En fait, la reproduction se fait essentiellement par la voie de la parthénogénèse ou reproduction à partir d’œufs non fécondés, un mode qui permet d’accélérer le rythme de reproduction. Chaque femelle pond une quarantaine d’œufs au rythme d’un à quatre par jour qu’elle colle sur les tiges de l’ajonc emballé ; quinze jours plus tard, ces œufs éclosent et ne donnent que des mâles au cœur de l’été (on parle de parthénogénèse arrhénotoque : « qui engendre des mâles ») comme pour la production des mâles ou faux bourdons chez les abeilles. Ces mâles sont haploïdes : ils n’ont que la moitié des chromosomes (un par paire) normalement présents du fait de l’absence de fécondation des ovules. Ces nouveaux « nés » vont subir six mues successives avant d’atteindre le stade mature. Ce développement requiert une température minimale de 13°C. Ils se dispersent sous la tente communautaire à la recherche de nourriture ou bien vont s’expatrier. A d’autres époques de l’année, il doit y avoir des accouplements avec production d’œufs fécondés, sans doute ceux qui passeront l’hiver et donneront la première génération printanière.