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Behorleguy

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Crête du Behorleguy
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Pente du Behorleguy carbonisée sur le versant sud

Que je suis contente de revenir au Behorleguy ! Ma dernière balade sur ce secteur du village de Mendive remonte à 2010… Ce jeudi, jour de rando avec Anglet Accueille, il fait frisquet lorsque nous sortons de la voiture, 6°C. La neige blanchit les sommets de la chaîne pyrénéenne et nous rencontrerons un petit névé sur l’ubac, au moment du pique-nique. Il est vrai que nous sommes encore en hiver, nous l’oublions presque avec ces trois semaines consécutives de beau temps et les après-midi aux températures estivales. Sous la houlette de Christine, nous allons faire un parcours différent de celui que j’avais fait, nous gagnerons le début de la crête à gauche (à l’ouest) et marcherons sur l’arête un bon moment avant de revenir à la voiture en passant par derrière, sur des pâturages et à travers bois. Sur ce secteur, l’écobuage (ou plutôt le brûlis) n’a pas été systématique, quelques prairies sont épargnées, mais depuis le sommet nous apercevrons encore des fumées qui s’élèvent au loin.

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Pic d’Anie enneigé à l’horizon
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Les érythrones dent-de-chien et les graminées repoussent après un brûlis
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Escargot brûlé

Pourquoi autant d’écobuages cette année ? Un article fournit quelques explications. Il a plu de novembre 2017 à juillet 2018, donc il n’y a eu que très peu d’écobuages l’an passé. Par conséquent, des autorisations sont octroyées aux nombreux éleveurs qui les demandent pendant la période “d’incinération des végétaux sur pied” qui s’étale du 15 octobre au 31 mars de l’année suivante, avec une possibilité de dérogation spécifique et concertée. Je lis que “C’est une façon efficace et peu coûteuse de se débarrasser des broussailles et mauvaises herbes sur les estives, terres de pâturage des troupeaux en été… Cette pratique très ancienne fertilise dans le même temps la terre pour une meilleure repousse de l’herbe.” Mais pour cela, il s’agit de le pratiquer de façon responsable, après déclaration et en s’assurant de la météo et surtout de l’évolution du vent. La préfecture rappelle qu’en tout état de cause, la pratique de l’écobuage est réglementée et doit faire l’objet d’une autorisation préalable du maire et d’une information préalable du maire et du SDIS, conformément aux dispositions de l’arrêté préfectoral 2012-296-04 du 22 octobre 2012.

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Occabé, au versant nord enneigé
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Anémone hépatique (7 pétales au lieu de 6 ?)
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Anémone sylvie ?

Des travaux scientifiques ont été menés pour étudier l’impact de ces feux pastoraux, mais les analyses diffèrent et les conclusions ne sont pas unanimes. La puissance d’un feu est déterminée par la quantité de combustible (type et nature de la couverture végétale), le temps de résidence du feu, le sol, sa nature et son humidité : l’eau a une forte capacité calorifique, elle diminue ainsi la diffusivité de la chaleur. Une partie de l’énergie du feu est consommée pour évaporer l’eau du sol (refroidissement). La date de mise à feu est également à prendre en compte. Dans cette synthèse, je lis que “Contrairement à l’incendie, l’effet du passage d’un feu courant est bien moins impactant qu’on ne l’imagine, le passage du feu est souvent à l’origine d’une plus grande biodiversité lors de la repousse.” Mais il est dit plus loin qu’une “pratique régulière de l’écobuage engendre une spécialisation du milieu avec son cortège de plantes pyrophiles (exemple, le Brachypode).” Le feu détruit une partie de la biodiversité incapable de fuir (mollusques, insectes lents, larves, etc). Il engendre une pollution par émission de dioxines et de particules fines dans certaines configurations météorologiques. De crainte de retrouver des polluants organiques dans la viande ou le lait, il faut attendre un temps minimum avant de laisser paître le bétail.

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Températures selon la sévérité du feu – Résultats de travaux d’Eric Rigolot, Unité de recherches forestières méditerranéennes de l’INRA

Pourtant, nous croisons quelques chevaux libres d’aller où bon leur semble, dont une jument et son poulain, qui broutent l’herbe épargnée entre les espaces carbonisés. Contrairement aux dires de ces chercheurs, les apiculteurs de montagne notent une diminution de la diversité de fleurs dans les zones écobuées, une constatation que j’ai également faite en randonnant en Aragon sur des zones non pâturées depuis des décennies, à la flore extraordinaire comparativement au versant français très fréquenté par les troupeaux. Enfin, cette notion de feu courant me paraît une vue de l’esprit, dans le cas des feux pastoraux, puisque ce n’est pas l’herbe qui est visée mais la lande d’ajonc, de bruyère et de fougère. Précisément à cause de la présence de ces buissons qui recouvrent les zones de pâture, nous voyons bien que les feux progressent lentement, avec une grande production de fumée, indice de la densité des végétaux et de la difficulté à les brûler. Enfin, j’ai vu lorsque nous redescendions en voiture des arbres complètement carbonisés alors qu’ils poussaient en bordure de la route et non loin des maisons: ces feux sont mal maîtrisés, avec trop peu de monde pour les contrôler, d’autant qu’ils sont allumés la plupart du temps par grand vent du sud, qui s’accompagne souvent de bourrasques et de changements de direction imprévisibles.

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Daphné lauréole
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Daphné lauréole
Apollon et Daphne
Apollon et Daphné transformée en laurier (France, XVe siècle)

En explorant un peu la base de la crête du Behorleguy sur le versant orienté au nord, je découvre des buissons de Daphné lauréole serrés contre les rochers. Dans ses Métamorphoses, Ovide raconte l’histoire de Daphné, une nymphe de la mythologie grecque, fille du dieu fleuve Pénée. Pour se venger d’Apollon qui s’était moqué de lui, Cupidon, dieu de l’Amour, décocha simultanément deux flèches, l’une, en or, sur le dieu lui-même, qui le rendit fou amoureux de la belle Daphné, l’autre, en plomb, sur la nymphe, qui lui inspira le dégoût de l’amour. Lassée qu’Apollon sans cesse la poursuive de ses assiduités, elle appela à la rescousse son père Pénée qui la métamorphosa en laurier-rose ! Apollon, toujours amoureux d’elle, en fit alors son arbre (en grec Δάφνη / Dáphnê, laurier, et Rhododáphnê, laurier-rose) et le consacra aux triomphes, aux chants et aux poèmes. Ce thème a inspiré de nombreux artistes et notamment le Bernin dont j’adore la sculpture autour de laquelle je ne me lassais pas de tourner pour en admirer toutes les perspectives lors d’un séjour à Rome en 2007.

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Apollon et Daphné, sculpture du Bernin conservée à la Galerie Borghèse à Rome (source)
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Apollon et Daphné, statuette de Wenzel Jamnitzer (1550)
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Daphné lauréole

Mais c’est plutôt le Laurier-sauce, de la famille des Lauracées, qui est parfois appelé le Laurier d’Apollon ou le Laurier noble. Laurus nobilis est une relique des forêts qui couvraient à l’origine la plus grande part du bassin méditerranéen où régnait un climat plus humide qu’aujourd’hui. Avec l’assèchement de la mer Méditerranée durant le Pliocène (5,332 à 2,588 millions d’années), les forêts de lauriers-sauce ont peu à peu été remplacées par des plantes plus adaptées à des milieux secs. La plupart des dernières forêts de lauriers-sauce ont disparu il y a environ 10 000 ans. Toutefois, quelques-unes subsistent dans les montagnes du sud de la Turquie, au nord de la Syrie, le sud de l’Espagne, le centre-nord du Portugal, le nord du Maroc, dans les îles Canaries et à Madère. La répartition actuelle de l’espèce est même plus large, car elle inclut l’Italie (jusque dans les Alpes) et la côte méditerranéenne française. Le Laurier-sauce s’est également implanté sur la façade atlantique, de la Bretagne à l’Algarve au Portugal. Le GBIF (Global Biology Information Facility) indique sa présence jusque sur le pourtour de la Mer d’Irlande.

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Daphné lauréole

Donc, Daphné lauréole (Daphne laureola L.) contient le mot laurier deux fois, en grec et en latin, et pourtant, il n’en est pas un, c’est l’aspect de ses feuilles qui lui a valu ce nom ! Beaucoup d’autres plantes sont également appelées lauriers, qui pourtant n’appartiennent ni au genre Laurus, ni même, pour la plupart, à la famille des Lauracées. On peut citer :

  • le laurier-rose (Nerium oleander), de la famille des Apocynacées : parmi tous les soit-disant lauriers, c’est une des plantes les plus dangereuses, toutes ses parties sont toxiques. L’ingestion d’une simple feuille peut s’avérer mortelle pour un adulte, en raison des troubles cardiaques provoqués.
  • le laurier-tin (Viburnum tinus), de la famille des Caprifoliacées
  • le laurier du Portugal (Prunus lusitanica) qui est une rosacée.
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Vue sur la chaîne pyrénéenne
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Sur la crête du Behorleguy
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Il faut un peu “mettre les mains”.

Le Daphné lauréole, laurier des bois, laurier épurge, laurier purgatif est aussi une plante méditerranéenne. Il appartient à l’ordre des Malvales et à la famille des Thymelaeaceae. Cette famille cosmopolite a comme genres principaux Gnidia (160 espèces tropicales en Afrique et Asie), Pimelea (110), Daphne (95), Wikstroemia (70), Daphnopsis (65), Struthiola (35), Lachnaea (30), Thymelaea (30), Phaleria (30), et Gonystylus (25). En France, le genre Daphne compte notamment le Bois-joli (Daphne mezereum L.), le Daphné lauréole (Daphne laureola L.), le Daphné camélée (Daphne cneorum L.), le Garou (Daphne gnidium L.), etc. Ces arbrisseaux ou sous-arbrisseaux se rencontrent en plaine dans les bois sur sol calcaire, les autres occupent des rocailles le plus souvent calcaires des massifs montagneux. Toute la plante est toxique, particulièrement son écorce et ses baies et elle contient des résines proches de celles des euphorbiacées. Le contact avec les différentes parties peut provoquer des dermites. La consommation des fruits entraîne des brûlures de la bouche et du tube digestif et, si les quantités ingérées sont importantes, il y a un risque de convulsions. Pas étonnant qu’elle ne soit pas broutée, le bétail n’est pas fou !…

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Écologie du Daphné lauréole
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Pic d’Anie, pic d’Orhy
  • Principes actifs : peu connus même si on a identifié de nombreuses molécules dont mézéréine, daphnine (dehydroxycoumarine) et daphnetoxine
  • Circonstances d’intoxication : consommation rare, car la plante fraîche a un goût âcre ; elle reste toxique même sèche
  • Toxicité : elle touche les bovins et petits ruminants, le cheval, le porc, le chien et l’homme
  • Dose létale : 30g d’écorce chez le cheval contre 3 baies chez le porc
  • Organes cibles : tube digestif (et rein)
  • Symptômes : après une courte latence, on observe une violente inflammation de la bouche avec tuméfaction des lèvres et de la langue, ptyalisme, vomissements puis une diarrhée souvent hémorragique avec coliques. Les signes extra-digestifs sont le plus souvent nerveux (ataxie, convulsions, dyspnée) et rénaux (albuminurie, hématurie)
  • Lésions : gastro-entérite, œdème du poumon, néphrite
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Zoom sur les anthères bleues qui contiennent le pollen de l’Erythrone dent-de-chien
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Les mollusques brûlés
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Névé sur l’ubac du Behorleguy

Un regard peu attentif pourrait faire confondre le Daphné lauréole avec un rhododendron. Le Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum, Éricacées) domine et structure des landes à éricacées sur les versants nord à nord-ouest de l’étage subalpin (1 400 m – 2 200 m). Cette plante tapisse par exemple les flancs du Canigou dans les Pyrénées orientales en un harmonieux mélange avec le Genêt purgatif (Genista purgans). La balade que j’avais faite en juillet 2008 au maximum de leur floraison avait été un pur bonheur. Son nom est issu du grec rodon, “rose”, dendron, arbre, qui désignait en fait le laurier-rose (Nerium oleander) chez les Grecs et les Romains. Ferrugineum (du latin ferrugineus, couleur de fer) se rapporte au revers de ses feuilles et de ses pétioles couverts d’écailles couleur rouille. Sa floraison spectaculaire débute simultanément avec sa croissance environ 15 jours après la fonte des neiges et elle s’étend sur à peine plus d’un mois lorsque les conditions climatiques lui sont favorables (entre fin mai et début août selon les altitudes). Le Rhododendron ferrugineux pousse sur un sol neutre à légèrement acide. Pour résumer, voici donc les trois raisons de ne pas confondre ces deux arbustes: l’envers des feuilles couleur rouille du rhododendron (verte chez le Daphné lauréole), une floraison jaune-vert précoce en février-mars et la nécessité d’un sol calcaire pour le Daphné lauréole.

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Pyrénées enneigées
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Une nouvelle idée du vivant
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Ancien passage étroit, sans doute pour la tonte des brebis

Ainsi, le Daphné lauréole est une espèce calcicole, il a pour habitat les bois plus ou moins ombragés et humides sur sol calcaire et il pousse en montagne jusqu’à 1600 mètres. Ces conditions étant remplies, on peut le trouver dans toute la France, en Corse, en Europe centrale et méridionale, ainsi qu’en Afrique du Nord. Marc-André Selosse, micro-biologiste et excellent pédagogue de surcroît, explique très simplement la difficulté pour une plante à vivre sur un sol calcaire. Voici ce qu’il écrit dans son livre “Jamais seul”:

“Prenons l’exemple d’une substance toxique du sol très banale, le calcium. L’excès perturbe le fonctionnement et la disposition des molécules des membranes des cellules, entraînant des fuites du contenu cellulaire qui perturbent la nutrition. Beaucoup de plantes calcicoles ont des membranes cellulaires adaptées, ou rejettent activement le calcium hors des cellules et donc de la racine, mais la plupart se font aider par des champignons. Par exemple l’eucalyptus forme des ectomycorhizes (“chaussettes” de mycélium autour des tissus racinaires qui s’interposent entre le sol et la plante). Le champignon rend le calcium inerte de deux façons au moins, non exclusives, valables aussi dans le cas des endomycorhizes: il rejette activement vers l’extérieur les ions calcium qui entrent dans ses cellules et il peut aussi les immobiliser sous forme de petits cristaux dans le sol autour de lui. Cette dernière stratégie résulte de la sécrétion d’oxalate, un petit acide organique qui précipite avec le calcium sous forme de cristaux d’oxalate de calcium. Ainsi beaucoup de plantes sont-elles “symbiocalcicoles”, c’est-à-dire rendues tolérantes au calcaire par leurs symbioses mycorhiziennes.”
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Trametes versicolor qui dégrade le bois mort dans la petite forêt en descendant du Behorleguy. Le Coriolus ou Tramète versicolore est connu en Asie pour ses propriétés thérapeutiques semblables à celles du ganoderme luisant, soit des propriétés antitumorales, stimulatrices du système immunitaire et régulatrices des systèmes digestif et respiratoire.
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Montée le long d’un flanc brûlé
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Champignon Trametes versicolor

J’ignore toutefois si le Daphné lauréole est calcicole grâce à ses propres défenses ou bien s’il vit en symbiose avec un champignon. Les Morilles (Morchellaceae) et la Pézize veinée (Disciotis venosa) par exemple sont des champignons calcicoles. Le site très documenté de Permaforêt donne une idée de leur biotope. “Les morilles sont des champignons ascomycètes, comme les pézizes. Les morilles apprécient les ravins de source, les haies forestières, les bois aérés et humides, les lisières ombragées, les vergers de vieux pommiers, les coupes de bois, les lieux incendiés, les remblais et les terrasses. Toute station au sol calcaire, perturbé, retourné, alluvionnaire et détrempé est susceptible d’intéresser les morilles. La symbiose avec des arbres sucrés est un indicateur ainsi que la présence d’autres champignons comme les pézizes ou les entolomes. Les morilles peuvent être saprotrophes (elles libèrent leurs enzymes digestives dans les composts, les prairies et sous les pommiers), semi-parasites-semi-symbiotiques (avec les hêtres, les ormes, les pommiers, les plantes rhizomateuses, les légumes racines) et même symbiotiques (avec les pins). Attention, toutes les Morchellacées crues sont toxiques ou mortelles ! Il faut une longue cuisson ou une dessiccation (séchage) pour pouvoir ensuite les consommer, avec modération.”

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Des algues colorent de vert le Trametes versicolor
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Vautour fauve qui imite le cormoran !

Une des raisons qui poussent les éleveurs à brûler les alpages tient peut-être à leur penchant caché pour la cueillette des morilles ! En effet, le site Permaforêt précise que “les cendres et les sels minéraux laissés après les incendies enrichissent le sol de potassium, de silice et de calcium. Les feux éliminent aussi les compétitions avec d’autres organismes fongiques, micro-organismes parasites ou végétaux. Ils laissent sur le sol les cadavres d’animaux et des carcasses dont se nourrissent également les micro-organismes ou les gastéropodes qui vont restituer ces micro-nutriments dans le sol, pour le plus grand plaisir des mycéliums [de morille]…”

Généralement, les plantes calcicoles sont aussi xérophytes, c’est-à-dire qu’elles sont adaptées à un milieu sec. Voici quelques exemples de plantes calcicoles à neutrophiles :

  • Anémone hépatique (Hepatica nobilis)
  • Asaret d’Europe (Asarum europaeum)
  • Aspérule odorante (Galium odoratum)
  • Bois-joli (Daphne mezerum)
  • Brachypode des bois (Brachypodium sylvaticum)
  • Buplèvre en faux (Bupleurum falcatum)
  • Camérisier (Lonicera xylosteum)
  • Campanule gantelée (Campanula trachelium)
  • des plantes de garrigue comme le Ciste de Montpellier (Cistus monspeliensis)
  • Cornouiller mâle (Cornus mas)
  • Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea)
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    Écobuage, incidence du feu

    Digitale jaune (Digitalis lutea)

  • Gentiane acaule (Gentiana acaulis)
  • Géranium sanguin (Geranium sanguineum)
  • Germandrée petit chêne (Teucrium chamaedrys)
  • Gesse printanière (Lathyrus vernus)
  • Hellébore fétide (Helleborus foetidus)
  • Inule conyze (Inula conyza)
  • Laîche des bois (Carex sylvatica)
  • Laîche digitée (Carex digitata)
  • Laitue vivace (Lactuca perennis)
  • Laser à feuilles larges (Laserpitium latifolium)
  • Laurier des bois (Daphne laureola)
  • Mélique à une fleur (Melica uniflorum)
  • Mercuriale vivace (Mercurialis perennis) – sols calcaires et basiques
  • Merisier (Prunus avium)
  • Orge d’Europe (Hordylemus europæus)
  • Origan (Origanum vulgare)
  • de nombreuses orchidées, présentes notamment en France, comme l’Orchis pourpre (Orchis purpurea), l’Ophrys bourdon (Ophrys fuciflora) ou l’Épipactis à petites feuilles (Epipactis microphylla)
  • Passerine (Thymelaea calycina)
  • Passerine hérissée (Thymelaea hirsuta)
  • Des genres de plantes succulentes (Sansevieria, Titanopsis) ou de cactus (Thelocactus)
  • Viorne mancienne (Viburnum lantana)
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Les plus acrobates du groupe photographiés par Christine, notre guide

Je reviens au Daphné lauréole pour faire “une expérience de pensée”. Si l’on part du principe, comme cela a été dit plus haut, qu’il s’agit d’une plante de sous-bois en milieu calcaire, à quoi ressemblait son habitat avant qu’il soit régulièrement détruit par le feu ? Une démarche similaire est engagée depuis quelques décennies par de nombreuses équipes dans le monde qui cherchent à reconstituer sur le plan théorique la végétation naturelle, en déterminant d’abord les grandes unités réparties selon le climat, la géologie, l’altitude et d’autres critères généraux, pour descendre peu à peu dans le détail jusqu’aux associations de plantes au niveau local, appelées syntaxons. C’est à partir de ces données justement que l’on circonscrit les espaces naturels à protéger, les réserves naturelles, les zones Natura 2000, etc. Plusieurs techniques ont été employées en parallèle, qu’il s’agit d’harmoniser pour arriver à une cartographie la plus précise possible. Cette végétation théorique, optimale, sert également à organiser les actions de restauration de sites pour en retirer les plantes invasives, permettre aux équilibres de se rétablir, modifier éventuellement des pratiques, puisque par exemple dans les zones Natura 2000 l’activité humaine n’est pas proscrite.

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Dolmen, vestige d’une anthropisation ancienne de la montagne pyrénéenne
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Geranium sanguineum L. – illustration de Coste (Tela Botanica)

A partir de ce travail de fourmi préalable, le site en lien présente donc une fiche comportant diverses informations sur le Daphné lauréole comme par exemple la “description de Coste” de cette plante. De quoi s’agit-il ? Hippolyte Jacques Coste était un curé et un botaniste français, né le 20 décembre 1858 au mas d’Estioussès près de Balaguier-sur-Rance en Aveyron et mort le 23 novembre 1924 à Saint-Paul-des-Fonts toujours en Aveyron. Il est connu pour sa Flore de France, dont la qualité était telle qu’elle est encore complétée et rééditée au XXIᵉ siècle. Le réseau Tela botanica a conçu en 2011 le projet de numériser cette flore de l’Abbé Coste.

Publié en 2004 avec le concours du Muséum National d’Histoire Naturelle, le «Prodrome des végétations de France» (PVF) constitue le premier référentiel national des végétations ordonnées dans le synsytème (Ensemble de la classification des communautés végétales) de la phytosociologie sigmatiste. Il a été conçu comme la première étape d’une déclinaison plus fine jusqu’au niveau des associations, et a servi de référence nationale pour la déclinaison des Cahiers d’habitats (Natura 2000), pour les correspondances phytosociologiques. Le «Prodrome des végétations de France 2» a pour but de poursuivre le travail réalisé entre 1996 et 2004. Initié en 2006, en partenariat avec le Muséum National d’Histoire Naturelle, la Fédération des Conservatoires botaniques nationaux, l’Office national des forêts et l’ENGREF de Nancy, il répond à un objectif multiple: poursuivre la déclinaison jusqu’au niveau des syntaxons élémentaires que représentent les associations végétales, faciliter l’identification des syntaxons, et permettre l’identification des correspondances avec les classifications européennes des habitats naturels et semi-naturels (CORINE Biotopes, EUNIS-habitats …).

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Daphné lauréole à l’abri des rochers, en bordure de pâturage

Sur la fiche du Daphné lauréole figure ensuite une liste de cinq syntaxons, divers groupements végétaux dont il fait partie (liste basée sur le Prodrome des végétations 2004). Ces syntaxons correspondent à des habitats différents et ne comportent pas forcément les mêmes plantes dans l’entourage du Daphné lauréole.

  • Carpinion betuli : liste des taxons pouvant être présents dans le syntaxon Alliance (Auteur(s) : Issler 1931): Communautés sur sols plus ressuyés mais sans déficit hydrique marqué.
  • Fagetalia sylvaticae : liste des taxons pouvant être présents dans le syntaxon Ordre (Auteur(s) : Pawłowski in Pawłowski, Sokołowski & Wallisch 1928) : Communautés collinéennes et montagnardes, acidiclines à calcicoles, non thermophiles.
  • Quercion pubescenti-sessiliflorae : liste des taxons pouvant être présents dans le syntaxon Alliance (Auteur(s) : Br.-Bl. 1932) : Communautés supraméditerranéennes avec irradiations septentrionales.
  • Querco roboris-Fagetea sylvaticae : liste des taxons pouvant être présents dans le syntaxon Classe (Auteur(s) : Br.-Bl. & J. Vlieger in J. Vlieger 1937) : Forêts tempérées caducifoliées ou mixtes, collinéennes et montagnardes (plus rarement subalpines), ainsi que supraméditerranéennes.
  • Tilio platyphylli-Acerion pseudoplatani : liste des taxons pouvant être présents dans le syntaxon Alliance (Auteur(s) : Klika 1955) : Communautés sur éboulis ou en situation de ravins.
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Chemin et clairière dans le petit bois au nord-ouest du Behorleguy

A la rubrique Phytosociologie de la fiche du Daphné lauréole, je trouve encore une autre référence: Alliance – 14/5.0.3.0.1 Ruscion aculeati Julve 2012 all. nov. hoc loco – Chaméphytaies sciaphiles de sous-bois forestier méditerranéo-atlantique, Daphno laureolae – Ruscetum aculeati Julve 2013. La reconstitution virtuelle des plantes associées en syntaxon au Daphné lauréole s’avère plus compliquée que j’imaginais ! J’essaie quand même de comprendre ces termes techniques. Un chaméphyte est un type de plante vivace des régions froides ou montagneuses, dont les organes permettant de passer la mauvaise saison sont situés entre 10 et 50 centimètres au-dessus du sol. De la sorte, les bourgeons de ce type biologique, plus ou moins ligneux, sont protégés du gel par le manteau neigeux hivernal (Cf. les plantes 2 et 3 du schéma ci-dessous).

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Les types biologiques de la classification de Raunkier : 1-Phanérophyte, 2/3-Chaméphyte, 4-Hémicryptophyte, 5/6-Géophyte, 7-Hélophyte, 8/9-Hydrophyte. © Sten Porse
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Légende des habitats (extrait)
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Légende des habitats (extrait)

Cette dernière classification a été réalisée par Philippe Julve qui, dans son programme personnel de recherche, se fixe pour objectif la description des milieux naturels de la France métropolitaine et de ses marges, dans une optique biocénologique synusiale et hiérarchisée. Pour la végétation, le programme a été étendu à l’ensemble du monde. Il fournit ainsi une liste des taxons ayant le même code dans le Catalogue des Milieux Naturels (catminat.), 14/5.0.3.0.1 : ils ont la même écologie que le taxon consulté (le Daphné lauréole dans cet exemple) et on les rencontre souvent ensemble sur le terrain (en fonction de leur répartition respective), ce sont donc des espèces indicatrices.

  • Ruscus aculeatus L. (Fragon petit houx)
  • Ruscus hypoglossum Mill. (Fragon à langue)
  • Ruscus hypophyllum L. (Herbe aux langues)
  • Ruscus x microglossum Bertol. [Ruscus hypoglossum Mill. x Ruscus hypophyllum L.] (Fragon)
Me voilà un peu perplexe, surtout avec ma dernière trouvaille de la carte (ci-dessous) de végétation potentielle de la France établie par le CNRS. En comparant les pavés de couleur de la légende aux coloris indiqués sur la carte, je m’aperçois que celle-ci est encore trop générale. A l’endroit où se trouve le Béhorleguy, je trouve du vert à chevrons noirs référencé 21131 (encore une nouvelle classification !), “Chênaie pédonculée acide à chêne tauzin” de l’étage collinéen qui jouxte une zone bleu foncé qui est soit une zone “submontagnard” 31111 “Hêtraie acide“, soit une zone “Montagnard inférieur à moyen” 32211 “Hêtraie d’altitude, landes et pelouses“.
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Carte de la végétation potentielle harmonisée de la France (CNRS)
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Carte de la végétation potentielle harmonisée de la France (CNRS), détail

Alors que les cartes géologiques et pédologiques numériques à 1/1 000 000 sont disponibles pour la France depuis la fin des années 1990, il n’existait pas à ce jour l’équivalent en termes de végétation. En effet, la carte de végétation de la France du CNRS à 1/200 000, bien qu’achevée pour tout le territoire au tout début des années 1990, en était restée à l’édition papier, le service du même nom ayant cessé son activité en 1992. La réussite de ce programme de cartographie de la végétation de la France initié en 1945 est due à Henri Gaussen et aux équipes qu’il a su mobiliser avec la création par le CNRS du service de la carte phytogéographique. Les préoccupations actuelles concernant les changements environnementaux globaux, notamment ceux liés au climat et à la pollution atmosphérique, renouvèlent l’intérêt de ce document. La carte de végétation du CNRS représente, en 64 feuilles, les séries de végétation de l’ensemble du territoire métropolitain telles que relevées dans les années 1940 à 1990. – Une série de végétation constitue, dans une conception dynamique des groupements végétaux, la succession des stades qui mènent à un climax donné, depuis le sol nu ou les stades de régression associés à cette série -. Les groupements végétaux sont ainsi classés par séries de végétation qui sont généralement désignées par l’arbre dominant qui couronne l’évolution de la série. En complément, la carte de végétation du CNRS fournit également des informations, au sens large, sur la végétation potentielle, c’est-à-dire la végétation « que l’on peut espérer rétablir compte tenu des modifications en partie irréversibles qu’a subies le milieu ».

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Un accident qui remonte à longtemps

La carte étant inutilisable, puisque son échelle au 1/1 000 000 ne convient pas pour cerner la végétation du massif calcaire du Behorleguy, je me suis concentrée sur les descriptions qui s’en rapprochent le plus pour approcher au plus juste la végétation théorique associée au Daphné lauréole mentionnée dans ces associations.

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Érythrones dent-de-chien sur brûlis

UCV 21222 : Chênaie sessile calcicole

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Gouffre d’Apanice

Nombre de relevés IFN : 1037

Charme commun (Carpinus betulus) 0.14, Églantier des champs (Rosa arvensis) 0.11, Lierre commun (Hedera helix) 0.11, Chêne rouvre ou Chêne sessile (Quercus petraea) 0.11, laîche blanche (Carex alba) 0.1, Noisetier (Corylus avellana) 0.1, Aubépine (Crataegus laevigata) 0.1, Fétuque à feuilles de deux sortes (Festuca heterophylla) 0.09, Peuplier tremble (Populus tremula) 0.09, Troène commun (Ligustrum vulgare) 0.09, Ronce des bois (Rubus fruticosus) -group. 0.09, Tilleul à petites feuilles (Tilia cordata) 0.09, Laîche digitée (Carex digitata) 0.09, Groseillier des Alpes (Ribes alpinum) 0.08, Cornouiller mâle (Cornus mas) 0.08, Érable champêtre (Acer campestre) 0.08, Frêne commun ou Frêne élevé (Fraxinus excelsior) 0.08, Luzule printanière (Luzula pilosa) 0.08, Alisier torminal, Alisier des bois ou Sorbier torminal (Sorbus torminalis) 0.08, Aubépine monogyne (Crataegus monogyna) 0.08, Polytric élégant (Polytrichum formosum) 0.07, Daphné lauréole (Daphne laureola) 0.07, Chêne pédonculé (Quercus robur) 0.07, Laîche des bois (Carex sylvatica) 0.07, Chèvrefeuille des haies (Lonicera xylosteum) 0.07, Laîche glauque (Carex flacca) 0.07, Anémone sylvie (Anemone nemorosa) 0.07, Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) 0.07, Brachypode des bois (Brachypodium sylvaticum) 0.07, Bouleau commun (Betula pendula) 0.07.

– En pourcentage, les premières espèces de cette liste depuis le Charme commun jusqu’à l’Aubépine constituent 77% de la végétation, le Daphné lauréole étant un peu plus rare que chacune de ces premières espèces puisqu’il constitue 7% de l’ensemble (Charme commun, 14%). Cette liste montre bien le caractère forestier du Daphné lauréole.

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Gouffre d’Apanice

UCV 23113 : Chênaie pubescente, faciès à Ostrya, fruticées et pelouses associées

Précisions: Le genre Ostrya comprend le charme-houblon ou ostryer (de la famille Betulaceae). Il regroupe 8 à 10 espèces réparties dans l’hémisphère nord. Une fruticée (du latin frutex, arbrisseau) est une formation végétale transitoire où dominent des arbustes, des arbrisseaux et des sous-arbrisseaux. Elle peut correspondre à un stade intermédiaire dans la succession de végétation qui conduit jusqu’à la constitution d’une forêt. Elle peut dans des conditions naturelles plus ingrates représenter un stade stabilisé au-delà duquel la végétation ne connaîtra pas de développement plus important. Elle peut également caractériser un stade de régression à la suite de la dégradation d’un milieu forestier.

Nombre de relevés IFN : 51

Charme-houblon ou Ostrya à feuilles de charme (Ostrya carpinifolia) 0.17, Scorsonère à feuilles crispées (Scorzonera brevicaulis) 0.14, Fustet, Arbre à perruque ou Coquecigrue (Cotinus coggygria) 0.1, Seslérie argentée (Sesleria argentea) 0.07, Érable à feuilles d’obier (Acer opalus) 0.06, Géranium découpé (Geranium dissectum) 0.06, Dompte-venin noir (Vincetoxicum nigrum) 0.06, Genêt cendré (Genista cinerea) 0.06, Daphne laureola 0.05, Coronille des jardins (Coronilla emerus) 0.04.

– Les espèces énumérées dans cette liste me paraissent davantage correspondre à un environnement méditerranéen. Je me souviens justement de la floraison étonnante de l’arbre à perruque croisé dans les collines au-dessus de Fontaine-de-Vaucluse lors d’une randonnée naturaliste en mai 2015. Bien que ce ne soit pas précisé, il s’agit aussi d’espèces calcicoles à neutrophiles.

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Le petit bois moussu

UCV 31123 : Hêtraie calcicole

Nombre de relevés IFN : 322

Érable à feuilles d’Obier (Acer opalus) 0.09, Buis commun (Buxus sempervirens) 0.09, Alisier blanc (Sorbus aria) 0.08, Daphne laureola 0.08, Brome dressé (Bromus erectus) 0.08, Cytise faux ébénier (Laburnum anagyroides) 0.07, Germandrée petit-chêne (Teucrium chamaedrys) 0.07, Cytise à feuilles sessiles (Cytisus sessilifolius) 0.07, Épervière des murs (Hieracium murorum)-group. 0.06, Chêne pubescent (Quercus pubescens) 0.06, Genévrier commun (Juniperus communis) 0.06, Brachypode penné (Brachypodium pinnatum) 0.06, Viorne lantane (Viburnum lantana) 0.06, Coronille des jardins (Coronilla emerus) 0.06, Pin sylvestre (Pinus sylvestris) 0.05, Hellébore fétide, Pied de griffon (Helleborus foetidus) 0.05, Lavande officinale (Lavandula angustifolia angustifolia) 0.05, Amélanchier commun (Amelanchier ovalis) 0.05, Hêtre commun (Fagus sylvatica) 0.05.

– Cette dernière liste me semble également très méditerranéenne, même si le Behorleguy héberge aussi le Hêtre, le Genévrier commun et l’Hellébore fétide. J’ai plutôt croisé les autres espèces comme le Cytise, la Lavande ou l’Amélanchier dans mes randonnées provençales. Quant au Buis, il pousse bien le long du chemin de la mâture qui relie la vallée d’Aspe à la vallée d’Ossau, mais je ne crois pas en avoir vu sur le Behorleguy.

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La crête du Behorleguy
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Tandem de vautours fauves
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Escargot carbonisé

Enfin, l’inventaire de la végétation des Arbailles, zone Natura 2000 toute proche, indique que les falaises calcaires du pic du Behorleguy rassemblent plusieurs espèces patrimoniales et originales pour les massifs de Haute Soule et du Barétous : la Campanule à belles fleurs (Campanula speciosa), l’Aspérule capillaire, la Laîche à bec court… Il est évident que ce milieu calcaire montagnard offre bien des singularités qui expliquent qu’il soit difficile de s’y retrouver. Quoi qu’il en soit, il me semble cependant que la première liste “Chênaie sessile calcicole” se rapproche pas mal de l’environnement naturel du Daphné lauréole sur le Behorleguy, quoi que j’aie rencontré également l’Hellébore fétide, le Genévrier commun et le Hêtre pendant la randonnée, trois plantes qui sont dans la dernière liste. Difficile de départager…

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Polygale du calcaire
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Repousse d’herbes et d’Hépatique après un brûlis

Un autre moyen de reconstituer mentalement la végétation naturelle du Behorleguy réside dans l’examen de la composition de la forêt des Arbailles toute proche. Elle s’étale sur les villages voisins de Mendive, en Haute Soule (Pays basque): Alçay-Alçabéhéty-Sunharette, Aussurucq, Béhorléguy, Camou-Cihigue, Hosta, Musculdy, Ordiarp, Ossas-Suhare, Saint-Just-Ibarre. Par un arrêté ministériel du 24 mars 2006 elle est devenue un site Natura 2000 offrant une Zone de Protection Spéciale puisqu’il s’agit d’un Site de la directive “Oiseaux”. Trois sites permettent de se faire une idée de la composition de sa végétation et de sa faune: la base de donnée Corine, l’inventaire du patrimoine naturel de l’Observatoire de la biodiversité végétale de Nouvelle-Aquitaine et l’inventaire national du patrimoine naturel du muséum national d’histoire naturelle. L’influence climatique est au deux tiers atlantique et le dernier tiers alpine (montagnarde), la forêt de feuillus couvre les trois-quarts de sa surface et elle est dominée par le hêtre, même si d’autres essences poussent en bordure du massif, en dessous de 600 mètres d’altitude, des chênes pubescents, des chênes pédonculés, puis des landes à genêt occidental et genévrier, landes à ajonc d’Europe, fougères aigle, prairies, et au-dessus de 600 mètres des ifs,  des sapins, des chênes, des frênes, des érables, des ormes près des sources, des sorbiers, des landes et des pelouses.

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Persistance de l’élevage sur le Behorleguy

Le muséum signale que les altérations des habitats peuvent être liées à une gestion passée comme la sylviculture intensive telle qu’elle fut pratiquée dans la première moitié du XXe siècle. Cela peut également être le résultat d’une gestion et d’une évolution plus contemporaines des pratiques et des activités agropastorales : une augmentation des pressions de pâturage sur certains secteurs, généralement les plus accessibles et les plus productifs, et à l’inverse une déprise sur d’autres plus difficiles d’accès et souvent déjà en cours d’embroussaillement. Dans le premier cas du surpâturage, on assiste à une évolution régressive des habitats comme par exemple l’appauvrissement en espèces caractéristiques des communautés végétales de pelouses ou de prairies. Dans le second cas de la déprise, on observe une évolution progressive qui conduit au boisement naturel des surfaces agropastorales (pelouses et landes). L’écobuage est encore régulièrement pratiqué sur le massif des Arbailles dans le but d’entretenir les systèmes agropastoraux en déprise. Cette activité traditionnelle peut néanmoins altérer des habitats d’intérêt communautaire (pelouses calcicoles par exemple) si elle est pratiquée trop régulièrement, de façon intensive et non contrôlée.

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