Par l’intermédiaire du CPIE Pays basque, j’ai reçu l’invitation du Conseil départemental à assister à la conférence de Christophe CASSOU, Directeur de recherche au CNRS de Toulouse au laboratoire Climat, environnement, couplages et incertitudes. En tant que l’un des rédacteurs du sixième rapport du GIEC, il est venu de Capbreton où il réside pour présenter succinctement (en une heure et demie) les conclusions des scientifiques au sujet du changement climatique.
Il avait préparé un diaporama comportant beaucoup de diapositives, trop pour tenir dans le temps imparti. Il ne nous en a donc montré qu’une sélection. A part quelques unes où il est passé trop vite, j’ai photographié la majeure partie de sa présentation que je reproduis ici. L’assemblée comportait des élus, des membres de diverses administrations, ainsi qu’un bon nombre de représentants d’associations prévenues par divers relais. La salle était donc bien remplie (140 personnes selon un article publié après l’événement).
En premier lieu, il a insisté sur la réalité du phénomène du changement climatique, et il a expliqué sur quoi se fondait le rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), nommé en anglais IPCC, pour Intergovernmental Panel on Climate Change.
En ce qui le concerne, il a contribué à la rédaction du premier volume en raison de ses compétences. Il appartenait au Groupe 1, travaillant sur les bases physiques du climat. Mais bien entendu, étant donné l’auditoire, il a bien sûr évoqué la teneur du second volume rédigé par le Groupe 2, Impacts, adaptation et vulnérabilités, de même que – très brièvement – celle du troisième volume du Groupe 3, les solutions.
Il a détaillé le “processus de distillation” de façon à montrer le sérieux du travail des scientifiques qui compulsent, pour la rédaction de la partie du rapport dont ils ont la charge, quantités de publications dont ils doivent faire l’examen et la synthèse. Cette synthèse est ensuite relue et corrigée par d’autres scientifiques, de façon à éliminer toute source d’erreur et à parvenir à un résumé sur lequel tous s’accordent à l’unanimité. Chaque terme est soigneusement choisi et pesé, tout mot est important ainsi que chaque phrase.
Il confirme ce qui est déjà depuis longtemps établi, dans l’espoir que les élus et décideurs qui sont dans la salle prennent bien conscience de la réalité du phénomène et se pénètrent de l’urgence d’agir.
Il nous montre une vidéo de la Nasa sur l’accumulation du dioxyde de carbone CO2 dans l’atmosphère terrestre. L’atmosphère rougit avec l’augmentation du CO2. Grâce à la photosynthèse au cours de laquelle plantes, algues et plancton captent du gaz carbonique et rejettent de l’oxygène, la teneur en CO2 s’atténue en été dans l’atmosphère, et augmente de nouveau à la saison froide. On voit bien que l’hémisphère nord émet bien plus de CO2 que l’hémisphère sud. Le gaz carbonique est aussi absorbé par les océans dont l’eau, par conséquent s’acidifie.
Les mesures sont faciles à énoncer : supprimer le recours aux énergies fossiles et augmenter la surface forestière mondiale. Mais le GIEC n’a aucun pouvoir de décision, ce sont les élus et décideurs qui devront mettre en œuvre les mesures nécessaires.
Pour établir leurs prévisions, les scientifiques élaborent des scénarios, du plus pessimiste au plus optimiste, et ils analysent les conséquences des mesures qui sont prises (ou pas).
Il explique que la difficulté est bien d’ordre politique. De nombreux projets d’envergure demandent des années d’élaboration, et il va falloir prendre la décision de renoncer à les réaliser, car ils contribuent à accroître le réchauffement climatique.
Intégralement responsables du passé
Intégralement responsables du futur
Il explique que, quel que soit le coût actuel de mise en œuvre des mesures pour cesser toute émission de CO2 et augmenter son absorption, ce coût sera bien inférieur à celui qu’il faudrait envisager si nous tardions trop, car le climat continue de se dégrader et le gaz carbonique de s’accumuler.
En réponse à une des questions posées après sa conférence, il précise qu’un arrêt ou fort ralentissement du Gulf Stream et de sa dérive nord-atlantique n’entraînerait sans doute pas un refroidissement en Europe ni une plongée dans un petit âge glaciaire, mais qu’il engendrerait plus probablement une grande sécheresse sur l’Europe.
Il soulève également le problème des réserves d’eau de surface (retenues collinaires, barrages, etc.) qui sont d’autant plus sujettes à l’évaporation que la température augmente. Le réchauffement climatique entraîne l’accroissement du taux de vapeur d’eau dans l’atmosphère (qui contribue également à l’effet de serre).
Pour aller plus loin:
Communiqué de presse du GIEC
Synthèse du rapport du GIEC
Article sur le rapport du Groupe 3