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Migrations sur les côtes bretonnes

70 min - temps de lecture moyen
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La baie très abritée de Santec, Finistère, au coucher du soleil

Au rythme des éléments naturels

Des oiseaux en provenance de l’Arctique

C’est au rythme des éléments naturels que se déroule notre séjour au Finistère du 16 au 23 octobre. Dimitri Marguerat, animateur nature de son agence Rando Oiseaux, a loué pour notre petit groupe de huit personnes une villa qui donne directement sur la baie du village de Santec, abritée par un chapelet d’îlots rocheux. Il est accompagné de son ami Luc, artiste photographe, qui dévoile pour nous ses talents culinaires. Pour mémoire, voici les prénoms des participants: Danièle et Jean-Jacques, Françoise et Joël (deux couples de la région lyonnaise), Véro et Jacques, de St Cyr s/Loire près de Tours, Marie-Christine moitié-moitié sur Paris et le golfe du Morbihan et Cathy du Pays basque. Les trois couples se connaissent d’un précédent séjour ornithologique avec Dimitri en Pays basque. En fin de texte, j’ai reproduit mes notes qui illustrent la diversité de nos observations sous l’égide de notre guide.

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Santec: à l’horizon vers l’est, Roscoff
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Santec: Dimitri explique le fonctionnement de sa nouvelle lunette (longue-vue) binoculaire. De g. à d., Marie-Christine, Dimitri, Jacques et Luc avec son tablier de cuisine.
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Santec: oies bernaches et goéland
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Bernaches cravant (photo Jacques L.)

Sitôt arrivés après notre long voyage d’acheminement (10 heures depuis Anglet ! – et 12 heures au retour, à cause des grèves SNCF -), nous admirons la nouvelle lunette binoculaire de Dimitri et pointons nos jumelles vers le bord de mer où nagent paisiblement un goéland et une troupe de petites oies, des Bernaches cravant. Durant tout le séjour, Dimitri nous désigne les oiseaux en nous indiquant leur nom, comment les reconnaître, d’où ils viennent, où ils vont, leur comportement… Après vérification sur le site migraction, car je n’ai noté à la volée que les noms sur le bloc-note de mon téléphone, je constate qu’il y a trois sous-espèces de bernaches, Branta bernicla bernicla, hrota et nigricans, et qu’elles se reproduisent toutes dans l’Arctique circumpolaire. Elles ne sont visibles qu’en période d’hivernage sur le littoral atlantique français, mais c’est surtout la Bernache cravant à ventre sombre (b. bernicla) qui y réside en nombre important (principalement sur le Golfe du Morbihan, les îles de Noirmoutier, Ré et Oléron, le Bassin d’Arcachon). On en compte 96 000 individus en moyenne, soit 30 à 40% de la population mondiale de la sous-espèce.

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Principales routes migratoires vers l’Arctique pour la nidification des oiseaux (Hugo Ahlenius, UNEP/GRID-Arendal) (source)

Commentaire d’une lectrice de ce reportage résidant près de la rivière de Morlaix (sœur de Jeanne V.) : “Les bernaches cravant sont de plus en plus nombreuses ici. D’ailleurs leur population a plus que doublé en France et elles se déplacent vers ici à cause de la réduction des habitats dans des coins comme Arcachon où elles étaient en grand nombre. A cause de la régression des herbiers aussi, ou du développement des loisirs… J’ai même parfois l’impression que certaines ne migrent plus (mais ça c’est moi qui le dis, je n’arrive pas à le vérifier).”

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Arctique, domaines bioclimatiques (source)

Chaque matin, les Lyonnais s’étonnent du retard du lever du soleil. Comme on le voit sur la carte ci-dessus, le méridien de Greenwich (0° de longitude) traverse la Bretagne. Il passe également par Ibos, près de Tarbes, dont le site municipal relate l’histoire mouvementée de la détermination de la longitude à l’époque des Grandes Découvertes à partir du XVIe siècle et du lieu de fixation d’un méridien d’origine pour l’établissement des fuseaux horaires à l’avènement des chemins de fer. Mais les petits pays comme la France préfèrent faire une entorse à la règle en incluant tout le territoire dans le même fuseau. Cette volonté politique induit un décalage important de l’est à l’ouest du pays entre l’heure solaire (celle qu’on peut lire sur les cadrans solaires) et celle de la montre. Il est d’autant plus sensible pour nos compagnons de l’est de la France que Dimitri nous fait lever très tôt, alors qu’il fait encore nuit à Santec, ce qui nous offre le plaisir d’admirer pendant le trajet en voiture vers les sites d’observation l’aube qui pare d’un éventail de couleurs chaudes les nuages à l’horizon.

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Santec: une myriade d’îlots rocheux
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Une mer dangereuse pour les marins dont l’entrée au port est indiquée par des phares et des balises postées de part et d’autre des chenaux
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Une météo propice aux champignons : agaric (champignon un peu phosphorescent sur la pelouse du gîte à Santec), reconnu par Joël, mycologue amateur.
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Une côte nourricière, bien plus vivante que celle du Pays basque

La Manche à pied !

Nous apprendrons rapidement que les oiseaux marins vivent au rythme de la marée et s’abreuvent à l’eau douce des ruisselets qui creusent la vase sableuse des rades lorsque la mer se retire. – La Bernache cravant est toutefois capable de boire de l’eau de mer, au moins durant les courtes haltes migratoires. – Le meilleur moment pour les observer n’est ni la marée haute, ni la marée basse, mais plutôt l’entre-deux, car c’est sans doute à ce moment que les animalcules et les petits poissons dont ils se nourrissent sont plus accessibles. Mais c’est surtout mieux pour nous puisque les oiseaux ne sont pas éloignés à perte de vue. En effet, le marnage est impressionnant sur ces côtes: de 4 mètres le 16 octobre à 7,30 mètres les 20 et 21 octobre ! – La différence de hauteur entre une pleine mer et la basse mer qui lui succède (le marnage) peut atteindre jusqu’à 13 mètres au Mont St Michel. A titre de comparaison, cette même semaine, le marnage sur la côte entre Bayonne et Biarritz a atteint son maximum de 3,40 mètres le 20 octobre, jour de la pleine lune. – Pas étonnant que le marnage soit si prononcé cette semaine.

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Extrait de l’almanach des marées à Roscoff (source)

Au IVe siècle avant notre ère, l’astronome grec Pythéas entreprit un voyage jusqu’au cercle arctique. Contemporain d’Aristote et d’Alexandre le Grand, il partit de Marseille en bateau vers 325 avant J.-C. et fit du cabotage le long des côtes d’Europe occidentale jusqu’au cercle arctique. C’était un scientifique de tout premier ordre. Il sut mesurer avec exactitude la latitude de Marseille, expliquer la corrélation des marées avec la Lune, déterminer le pôle céleste ainsi que l’obliquité de l’écliptique avec une précision surprenante pour l’époque. En effet, il était alors déjà évident que la Terre était ronde… Pour notre part, lorsque les nuages découvrent le ciel nocturne un soir en milieu de semaine, nous admirons la pleine lune jaune orangé au-dessus de l’horizon. Elle est si lumineuse que le paysage demeure bien visible toute la nuit, baigné d’une clarté diffuse.

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Phases de la Lune durant notre séjour (source)

Le site Traezh ha tevenn explique fort bien les raisons pour lesquelles les côtes bretonnes sont si vivantes, considérablement plus que les côtes du golfe de Gascogne. C’est parce qu’elles se prolongent loin dans la mer en un plateau continental dont la profondeur n’excède pas cent mètres dans la Manche qui s’étend au-delà de l’extrémité occidentale de la Bretagne jusqu’au sud de l’Angleterre et de l’Irlande. Il y a 20 000 ans, au dernier maximum glaciaire, le niveau marin était 130 mètres plus bas que le niveau actuel: l’Angleterre était alors rattachée au continent européen. Une épaisse calotte de glace (jusqu’à près de 3 km d’épaisseur !) recouvrait la totalité de l’Europe du Nord jusqu’à la latitude de Berlin et de Londres. – La glace sur l’Antarctique a actuellement une épaisseur moyenne de 1,6 km. – La Manche était asséchée, les hommes préhistoriques passaient de la France à l’Angleterre au travers de vastes plaines arides et ventées (des paysages de steppes comme en Sibérie aujourd’hui). Seul le paléofleuve Manche, qui réceptionnait l’eau de la Seine, de la Somme, du Rhin et du Solent, entravait leur parcours.

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Une profusion d’algues sur l’estran et le plateau continental de faible profondeur (Santec)
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Traces de pas des bécasseaux sanderling (Santec)
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Crampon très gros et solide des longues algues laminaires au thalle en forme de ruban (Santec)

Près des côtes du Finistère se trouve le plus grand champ d’algues d’Europe. Elles sont d’ores et déjà utilisées par quelques entreprises et étudiées par les laboratoires de la station biologique de Roscoff dont nous avons longé les bâtiments à notre retour d’excursion sur l’île de Batz. On leur découvre de multiples propriétés, alimentaires aussi bien pour les humains que pour les animaux d’élevage (porcs, crevettes), thérapeutiques, comme amendement pour l’agriculture… Selon le directeur de recherche Philippe Potin, si elles sont si nombreuses, c’est que la Bretagne est à la frontière d’eaux tempérées chaudes et froides et la mer d’Iroise a peu d’échanges avec les eaux du large. Cette poche tempérée est  à l’abri du réchauffement des océans. C’est un environnement idéal pour les algues. On en a identifié plus de 700 espèces en mer d’Iroise, autour de l’archipel de Molène, dans le parc marin !

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Carentec, plage du Cosmeur près de Morlaix : estran parcouru de ruisselets à marée basse
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Carantec, Pointe du Cosmeur: Aigrette garzette

Presque chaque jour, nous observerons une ou deux aigrettes garzettes pêcher avec élégance et nonchalance en arpentant lentement les rivages peu profonds. En France, la présence de ce fin échassier blanc aux pattes jaunes n’a été signalée qu’à partir de 1920, et seulement en Camargue, selon le site migraction. Mais depuis les années 1980, ses effectifs ont eu une progression spectaculaire assortie d’une colonisation de nouveaux territoires. Depuis 1994 la totalité des départements côtiers de la façade Atlantique héberge 60 % de l’effectif national. Ses sites de nidification se prolongent jusqu’en Baie de Somme dans la Manche. Dans les régions intérieures, l’Aigrette garzette occupe plusieurs grandes vallées (Rhône, Garonne, Allier, Loire, Saône, Doubs), ainsi que la Brenne, la Sologne et, plus récemment, la Champagne humide. Enfin, la nidification de l’espèce est confirmée en Corse depuis 1997. En hiver, migratrice partielle, l’Aigrette garzette demeure cependant présente dans la plupart des sites côtiers français de reproduction.

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L’Aigrette garzette, reconnaissable à ses pattes jaunes
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Aigrette garzette, dont le cou replié en vol est une caractéristique de la famille des hérons – les Ardéidés (superbe photo de Jacques L.)
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Oies bernaches
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Oies bernaches
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La littorine obtuse (jaune vif) dans le fucus humide

Le Grand Pingouin de la grotte Cosquer

Le premier jour, le 17 octobre, Dimitri choisit de nous emmener pas trop loin, aux alentours de Morlaix, pour nous permettre de récupérer de la longue route effectuée la veille pour notre acheminement jusqu’au Finistère, le bien nommé. Les prévisions météo sont plutôt calamiteuses pour toute la semaine, il nous prévient qu’il risque de modifier l’ordonnancement des balades prévues en fonction du temps qu’il fera. A chaque jour suffit sa peine… Pour le moment, le temps est magnifique et nous en profitons pleinement. Sur l’estran de la pointe de Barnenez, Dimitri nous fait remarquer un tout petit coquillage de couleur jaune vif. C’est une Littorine obtuse, un gastéropode. Il y a quatre sortes de Littorines, la Littorine bleue, la Littorine des rochers, le Bigorneau et la Littorine obtuse. La première, pourtant dépourvue de poumon, vit préférentiellement au niveau des rochers seulement humectés par les embruns, là où pousse sa nourriture de prédilection, la verrucaire, un lichen noir. La Littorine obtuse voit sa coquille parfois teintée de vert lorsqu’une algue unicellulaire vient s’y fixer en nombre. Cet escargot de mer broute avec sa radula des algues microscopiques présentes à la surface des thalles d’algue brune. A la différence du bigorneau, la littorine obtuse craint le dessèchement et reste par conséquent enfouie au frais parmi les fucus. Mais alors qu’elle possède une branchie à l’avant du cœur comme le bigorneau,  elle reste toutefois inféodée à la seule zone de balancement des marées. Lors de sa reproduction, cette littorine est la seule des quatre espèces à disposer ses œufs dans un petit cocon gélatineux qu’elle colle sur une algue.

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Santec: Laminaires (longues algues en forme de rubans) : L’espèce la plus présente est Laminaria hyperborea que l’on retrouve quasiment sur tout le littoral de la Bretagne et aussi en Normandie, de 2 mètres jusque 30 mètres de profondeur.

Nous adorons observer le manège des petits bécasseaux sanderling. Réunis en troupes nombreuses, ils picorent juste en limite de la vague, fuyant à toute vitesse sur leurs petites pattes raides vers le haut de la plage pour revenir en courant lorsqu’elle se retire. Parfois, pris de frénésie, l’un d’eux se met à galoper parallèlement au bord de l’eau, entraînant les autres dans son sillage. Puis ils s’arrêtent, étonnés de s’être inquiétés pour rien, et reprennent en sens inverse plus calmement. Ce sont des limicoles, des oiseaux de rivage. Ils accompagnent leurs mouvements de petits cris aigus parfois couverts par le bruit du ressac. Selon le site en lien, l’espèce se reproduit dans le haut arctique sur la toundra aride et pierreuse dans des endroits bien drainés, des pentes ou des plaines alluviales avec une végétation éparse de saules, dryades, saxifrages, etc. Le reste de l’année, il est maritime et fréquente les habitats à substrat meuble, surtout sableux, les baies, les estuaires, les plages… La proximité de récifs ne le gêne pas. Il apprécie beaucoup moins les vasières littorales. Occasionnellement, au passage, il peut faire halte en petit nombre au bord des eaux douces de l’intérieur.

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Bécasseaux sanderling à la lumière du soleil couchant (plage de Santec que j’ai parcourue à pied avec Joël après la journée à Morlaix)

Quels humains traversaient la Manche à pied sec lors de la dernière glaciation ? L’Homo sapiens, parti d’Afrique, commença à coloniser l’Europe par vagues successives à partir de -45 000. Elle était occupée entre -450 000 et -30 000 par l’homme de Néandertal qui disparut pour des raisons non encore élucidées. En 2010, un documentaire très bien fait sur “Les premiers Européens” avait été diffusé sur Arte et publié sur DVD. C’est sous l’égide des grottes d’Isturitz-Oxocelhaya qu’il avait été projeté en avant-première au cinéma d’Hasparren où je l’avais vu. Pour mémoire, les peintures rupestres de la grotte Chauvet, au sud de l’Ardèche, remontent à 36 000 ans, tandis que celles de la grotte de Lascaux en Dordogne remontent à 17 000 ans.

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Grand Pingouin, espèce disparue au XIXe siècle (John Gould)

La grotte Cosquer, près de Marseille, illustre parfaitement la hausse du niveau de la mer qui a résulté de la fonte des glaces puisque son entrée, à 35 mètres de profondeur, n’est aujourd’hui accessible que par la mer. Certaines des œuvres qui y ont été peintes ou gravées il y a 27 000 et 19 000 ans représentent des pingouins, des phoques, des poissons et peut-être même des méduses et des poulpes. Il s’agissait alors du Grand Pingouin du Labrador, le plus gros oiseau de la famille des Alcidae, et le seul qui ne pouvait pas voler. Les derniers siècles, il était chassé pour la nourriture qu’il fournissait, mais surtout pour ses plumes dont on remplissait oreillers et matelas. Le dernier Grand Pingouin fut tué en Islande le 3 juin 1844.

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L’Europe il y a 20 000 ans: cultures humaines du Solutréen dans le Sud-Ouest (en orange) et de l’Epigravettien dans le Sud-Est (en rose). En blanc, les glaciers.
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Aux environs de Morlaix, pointe de Barnénez face à l’île Stérec accessible à marée basse : superbe vue pour la pause pique-nique
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Le Cairn de Barnénez domine un champ de choux

Le Cairn de Barnénez dont le sommet s’élève derrière un énième champ de choux près de Morlaix est plus récent. Ces grandes tombes présentent deux types de voûtes : une pierre plate comme dans les dolmens classiques et une « fausse coupole » arrondie en une savante juxtaposition de petites pierres plates. La construction date du Néolithique (4 500 à 3 500 ans avant Jésus-Christ), une période qui correspond à la sédentarisation de l’homme qui devient éleveur-agriculteur. Durant mon séjour breton, je me mets justement dans le contexte en lisant un polar préhistorique de Sophie Marvaud, historienne et romancière, intitulé Le choc de Carnac, dont l’intrigue se déroule en 4700 avant notre ère. Il s’agissait d’une époque charnière où plusieurs modes de vie coexistaient, paléolithiques, avec la pêche et un habitat sédentaire, la chasse et la cueillette par des populations nomades, et celui qui s’imposera, néolithique, avec l’agriculture et l’élevage. Ce dernier mode s’accompagne de la disparition des forêts par la hache et le feu, une démographie qui, déjà, dérape et pousse sans cesse à la colonisation de nouvelles terres, avec pour corollaire l’avènement de la violence et de la guerre. Le livre de Jean Guilaine et Jean Zammit, Le Sentier de la guerre. Visages de la violence préhistorique, présente de façon très documentée les preuves archéologiques de l’ancienneté de ces comportements belliqueux.

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Carantec, plage du Cosmeur près de Morlaix : estran à marée basse
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L’extrémité du village de Carantec donne sur l’estuaire de la rivière de Morlaix. Au premier plan, casiers d’un ostréiculteur.

La Littorine obtuse, un bijou préhistorique

Je reviens sur la Littorine obtuse, ce petit mollusque dont la jolie coquille jaune n’a pas manqué d’attirer le regard des humains depuis fort longtemps. C’est ce que j’ai découvert en lisant la thèse de 2010 de deux chercheuses dont la spécialité s’appelle l’archéomalacologie marine. Elle a donné matière à une conférence qu’elles ont donnée en 2020 et dont je résume les propos. Elles se sont consacrées à l’étude de l’utilisation et l’exploitation des invertébrés marins (mollusques, crustacés et échinodermes) durant l’âge du Bronze (2200 à 800 av. J.-C.) sur la façade Manche-Atlantique française. Cette période est marquée par l’arrivée de nouveaux métaux, le cuivre puis le bronze, le développement de réseaux de communication ou encore l’essor de l’exploitation du sel marin, marquant un lien fort entre l’Homme et le littoral.
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En montant vers le parc Claude Goude, vue sur le phare dans l’estuaire de la rivière de Morlaix

A cette époque, au moins neuf espèces d’invertébrés marins ont été consommées sur la bande littorale jusqu’à 15 km environ du trait de côte actuel: la patelle, la monodonte, la moule commune, la coque commune, le couteau, la scrobiculaire, le pouce pied, le crabe sillonné et l’oursin violet. En Bretagne, les populations protohistoriques semblent avoir aussi consommé des poissons, des oiseaux et des mammifères marins. Les invertébrés marins étaient également utilisés dans les pratiques funéraires et cultuelles, ainsi que dans les activités artisanales comme la teinture, la parure, ou dans l’architecture. La couleur pourpre était extraite de la glande hypobranchiale que possèdent certains gastéropodes. Cette glande, de petite taille, fait partie du corps du mollusque et se localise sur son bord ventral et antérieur. Elle livre une substance jaunâtre qui, exposée ensuite à la lumière du soleil, devient successivement verte puis violacée avant de prendre une couleur pourpre. Sur la façade atlantique française, deux gastéropodes en sont dotés: le pourpre et le murex

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Château du Taureau, depuis Carantec (pointe du Cosmeur)

Par ailleurs, quatre espèces de coquilles au moins ont servi dans l’élaboration de parure, l’une, ordinaire, utilisée dans la vie quotidienne sur la bande littorale comme à Mez Notariou (Ouessant, Finistère); l’autre, plus élaborée, découverte en contexte funéraire dans l’arrière-pays comme à Champ Redon (Luxé, Charente). Il s’agissait du cyprée, de la littorine obtuse, du dentale et de la coque: elles servaient toutes de matière première à la réalisation de perles…

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Un temps froid et humide (voire carrément pluvieux !) dans la baie de Goulven, où nous observons les oiseaux depuis la digue de Lannénez

Marais et agriculture à Goulven

Le 18, la météo se gâte. Nous partons découvrir les dunes de Keremma situées dans la baie de Goulven. Classée site Natura 2000 et réserve ornithologique, elle marque une étape vitale pour de nombreux oiseaux. Depuis 2018, elle a rejoint la baie du Mont-Saint-Michel et le golfe du Morbihan sur la liste des zones humides d’importance internationale, labellisées Ramsar. Ce réseau récompense et valorise la gestion durable de ces espaces protégés. La bruine rend l’observation difficile et la bise nous frigorifie. Nous cheminons sur la digue de Lannénez édifiée en 1826 par Louis Rousseau afin de convertir 500 hectares de marais inondables en “bonnes terres agricoles” gagnées sur la mer, ainsi que l’indique un panneau au début du sentier. Longue de 700 mètres, elle comprend un ingénieux système de “clapets anti-retour” (des portes à flot comme sur les barthes de l’Adour) qui empêchent la mer montante de pénétrer dans ces terres basses, mais permet au ruisseau de la Flèche de s’écouler vers la mer à marée descendante.

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Par marée basse, les eaux du ruisseau la Flèche s’écoulent vers la mer, flanqué de part et d’autre d’herbiers sillonnés d’une multitude de ruisselets (Goulven)

Ces travaux de bonification des terres relèvent du même état d’esprit qui avait prévalu à peu près à la même époque dans les Landes dont la population était considérée par les élites parisiennes comme arriérée et la région insuffisamment mise en valeur. L’objectif initial était la fixation des dunes (initiée sur la côte sous Napoléon Ier), mais il a rapidement dévié sous Napoléon III pour transformer cette immense zone humide où se pratiquait l’élevage ovin en une forêt de pins dont la résine était destinée à alimenter l’industrie chimique européenne. Pour avoir une idée de la perte de biodiversité qui en a résulté, il suffit de lire Jean Thore, Promenade sur les côtes du golfe de Gascogne, rédigé il y a un peu plus de 200 ans, juste avant le début des drainages.

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Des centaines d’oiseaux, limicoles, canards, mouettes… (Goulven)
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Barge à queue noire (photo Jacques L.)

Tout le long du séjour, Dimitri nous explique comment identifier les oiseaux, notamment les troupes de petits limicoles qui arpentent en nombre les eaux peu profondes et peuvent être facilement confondus par les néophytes que nous sommes (certains plus que d’autres). Un site très bien fait (mais illustré de photos malheureusement de mauvaise qualité, scannées dans des livres) regroupe les critères variés qu’il faut considérer : le plumage, la taille, la forme du bec, la taille des pattes, la silhouette générale, le comportement et le cri de l’espèce à identifier. Non seulement il faut mémoriser beaucoup de détails, mais en plus il faut avoir une bonne vue, une luminosité suffisante et une lunette puissante car nos postes d’observation sont la plupart du temps assez éloignés (nos jumelles grossissent un peu, mais on voit bien mieux dans la lunette, du moins quand l’oiseau daigne être tranquille) !

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Crâne de héron garde-bœufs identifié par éliminations successives par Dimitri.

Heureusement le temps breton, à l’instar du basque, n’est jamais stable et il ne faut pas désespérer: de belles éclaircies peuvent succéder dans une même journée à un démarrage avec une météo maussade. Nous nous couvrons et nous découvrons alternativement selon la technique éprouvée de l’oignon ! Dimitri a d’ailleurs inscrit sur la liste de vêtements à emporter une bonne paire de bottes en caoutchouc et une cape. Personne ne regrettera de s’en être muni…

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Les portes à flot du barrage: à l’est, eau douce, à l’ouest, eau salée
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Après avoir franchi les dunes de Keremma, grosse déception de Dimitri, la mer est toujours invisible à l’horizon et les oiseaux hauturiers comme les fous de Bassan hors de vue.
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Derrière la dune, une étendue extra-plate asséchée à marée basse
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De retour au gîte pour un pique-nique tardif au sec à 14 heures et une après-midi diaporama sur le grand-duc photographié par Dimitri en Provence.

Agriculture, élevage et biodiversité

Le 19 il fait beau; nous nous dirigeons vers Roscoff où nous prendrons le premier bateau pour l’île de Batz. Lors de notre court trajet en voiture, nous trouvons le paysage un peu décevant: peu de relief et des champs de choux qui se succèdent, séparés de loin en loin par de maigres haies et ponctués ici et là de quelques arbres peu élevés. Ce n’est pas comme cela que nous imaginions la Bretagne. On est bien loin de la forêt mythique de Brocéliande imaginée par Chrétien de Troyes au XIIe siècle pour servir de cadre aux aventures d’Yvain, le chevalier au lion, un des chevaliers de la Table Ronde… Si les côtes du Finistère sont attrayantes pour y observer la migration des oiseaux, l’intérieur, très agricole, ne paraît guère favorable à la biodiversité. En effet, 80 % des choux-fleurs et des artichauts sont produits en Bretagne, ainsi que plus de la moitié des épinards, le tiers des tomates et le quart des petits pois. Ils sont à destination de la France, mais aussi de l’Allemagne, la Belgique, l’Italie et le Royaume-Uni. Choux-fleurs et brocolis arrivent en tête des légumes frais bretons les plus vendus à l’étranger, suivis par les pommes de terre, les tomates, les oignons et échalotes. Quant aux légumes transformés, les exportations sont livrées pour moitié en conserve (pois, haricot) et pour moitié en surgelés (épinards, mélanges).

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Une Bretagne très agricole (source)

En repartant à la fin du séjour, je remarquerai non loin de l’autoroute une énorme usine formée de plusieurs tours de tailles différentes accolées les unes aux autres, hautes et larges comme des immeubles. On dirait une cimenterie, mais je lis son nom inscrit en grand, Eureden: c’est en réalité une société issue de la fusion des coopératives Triskalia et Groupe d’Aucy. Elle réunit 20 000 agriculteurs-coopérateurs et 9000 collaborateurs. Avec quelque 1 480 usines qui emploient près de 54 000 salariés, la Bretagne est la première région de France dans le secteur de l’agroalimentaire. Nous ne voyons que quelques vaches dans des prés, mais la Bretagne est première dans de nombreux secteurs d’élevage : bœuf, porc, volaille, ainsi que dans celui de la pêche, et elle se place bien dans le maraîchage et les produits transformés comme la boulangerie industrielle et la charcuterie.

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Ile de Batz, la centranthe rouge colonise les murets.
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Ile de Batz, toujours la marée très basse le matin du 19 octobre

Avec 56 % de la production nationale dans 5 200 exploitations en 2013 et un cheptel estimé à 7,3 millions de têtes en 2015, la production porcine se concentre particulièrement dans le Finistère et les Côtes-d’Armor. Pourtant, nous n’avons vu aucun cochon en plein air, il semble qu’ils soient tous constamment enfermés de leur naissance jusqu’à leur transfert à l’abattoir… Depuis les années 1970, et encore en 2019 à Saint-Brieuc, ces élevages intensifs ont défrayé la chronique par la pollution qu’ils engendraient avec le lisier. Les nitrates non assimilés par les sols étaient entraînés avec le ruissellement de la pluie vers les côtes et provoquaient la prolifération d’algues vertes qui, en entrant en putréfaction, dégagent de l’hydrogène sulfuré (H2S), un gaz toxique.

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Sitôt descendus du bateau, les ornithologues en herbe observent un courlis cendré qui picore sur la grève et des bernaches cravant en vol.
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Corbeau d’un autre genre
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Ile de Batz, maison traditionnelle en pierre

La tendance à la concentration des élevages n’a pourtant pas fléchi. En 2020, plus de 13 millions de porcs ont été abattus en Bretagne dont 90 % élevés dans la région. Un élevage extensif en plein air est inenvisageable avec une production pareille et une telle concentration de l’élevage sur un territoire aussi exigu et pluvieux (l’herbe ne supporte pas un piétinement excessif et le terrain devient vite boueux). Ainsi, la spécialisation de la Bretagne en agriculture et en élevage intensifs porte un tort considérable à la biodiversité sauvage, bien davantage, à mon sens, que les chasseurs qui se retrouvent également confinés dans des espaces sauvages de plus en plus limités. Pour dire, ils en sont même réduits à élever des faisans destinés à être relâchés à l’ouverture de la chasse !

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Une poule faisane lâchée des élevages à l’ouverture de la chasse (Ile Grande)

Justement, le 20 octobre, une poule faisane passera en boitillant devant la voiture et une autre se promènera paisiblement sur les rochers de l’île Grande, nous observant tandis que nous l’observons. Pauvres bêtes, elles ne savent même pas se nourrir seules, ni se mettre à l’abri des humains, du renard et des rapaces ! Autant les mener directement à l’abattoir… Dimitri ne décolère pas. Depuis peu, les chasseurs sont devenus légalement garants de la biodiversité ! En effet, l’Assemblée nationale a voté le 24 janvier 2019 la fusion de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) afin de créer le futur Office français de la biodiversité en janvier 2020. “Ce nouvel établissement public est dédié à la protection et la restauration de la biodiversité en métropole et dans les Outre-mer, sous la tutelle des ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture et de l’alimentation. L’OFB est au cœur de l’action pour la préservation du vivant dans les milieux aquatiques, terrestres et marins. Il joue un rôle essentiel pour lutter contre l’érosion de la biodiversité face aux pressions comme la destruction et la fragmentation des milieux naturels, les diverses pollutions, la surexploitation des ressources naturelles, l’introduction d’espèces exotiques envahissantes ou encore les conséquences des dérèglements climatiques.”

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Goéland marin et bernaches cravant
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Jeune goéland marin en train de dépecer un cadavre de poisson

Dernière remarque sur le sujet de la biodiversité: il est bien évident que tous ces animaux d’élevage doivent être nourris et que leur alimentation n’est pas produite en Bretagne. Ainsi, l’impact de cet élevage intensif s’étend bien au-delà, dans d’autres régions de France (notamment l’Aquitaine pour le maïs) et dans des pays comme le Brésil (tourteaux de soja). L’emploi de pesticides dans l’agriculture affecte la faune, la flore, la qualité des sols et de l’eau. L’augmentation des espaces cultivés au détriment des espaces sauvages, notamment des zones humides et des forêts, les quantités d’énergie dépensées dans le transport, la transformation, les emballages, ont également un impact important sur le climat.

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Alysse et fougère ont colonisé le muret de pierre
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Capucine en pied de mur
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Chenilles de la Piéride du chou amatrices de capucine
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Entrée pittoresque
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Ile de Batz, phare
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Relève des casiers
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Radis ravenelle (?), Brassicacée aux feuilles comestibles (de la famille des choux)
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Cariçaie dont les touffes de laîches aux couleurs automnales entourent les anciens touradons noircis des pieds morts.

Balade sur l’île de Batz

Notre sortie sur l’île de Batz bénéficie d’une météo plus clémente et le circuit pédestre offre un paysage varié où alternent les oiseaux de mer, les passereaux et quelques rapaces. Mon oiseau préféré, c’est l’huîtrier pie: facilement reconnaissable, c’est un petit échassier au plumage noir et blanc égayé par un long bec rouge orangé, des pattes roses, et surtout un pépiement sonore, mais mélodieux, reconnaissable de loin. Il arpente l’estran en bandes plus ou moins nombreuses, dans une recherche active de sa nourriture favorite: les mollusques bivalves (berniques, coques, moules, patelles, buccins), les gastéropodes (littorines), les crabes. L’Huîtrier pie était un consommateur d’huîtres lorsque celles-ci existaient à l’état sauvage sur les côtes européennes. La consommation de ce bivalve n’est désormais plus que rarement signalée sauf sur les secteurs ostréicoles français de la Baie de Morlaix, dans l’Ile de Ré et à Marennes Oléron. Les jeunes oiseaux dont la pointe du bec est encore trop tendre pour ouvrir les coquilles capturent des vers marins, notamment des Nereis diversicolor, que peuvent également consommer les oiseaux plus âgés en cas de pénurie de bivalves. Lorsqu’il est à l’intérieur des terres, il mange des lombrics et des larves d’insectes.

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Huîtrier pie (Ile Grande, 20 octobre)

Il utilise différentes techniques afin de briser ou d’ouvrir les coquilles. Il sonde le sol avec son long bec à l’extrémité sensible qui lui permet de trouver sa proie uniquement par contact. Il “attaque” en général les moules quand elles sont en train de se nourrir. A ce moment-là, les valves sont béantes, rendant la tâche plus facile à l’huitrier pie qui peut alors sectionner le muscle qui les maintient ensemble. Plusieurs autres proies sont saisies quand elles se déplacent en dehors de leurs rochers d’attache pour se nourrir, ce qui les rend plus vulnérables. Dimitri nous explique que son long bec est formé d’un os entouré d’un fourreau qui s’allonge comme un ongle, s’use et change de couleur. Inféodé à la marée, c’est un limicole diurne qui peut également s’alimenter la nuit avec pratiquement le même succès.

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Huîtrier pie (photo Jacques L.)

Les couples nichant en France sont sédentaires ; la moitié se concentre en Bretagne (19% dans la réserve naturelle d’Iroise), les autres sont nombreux en Normandie, leur nombre significatif sur les côtes de la Manche, en Camargue et sur le bassin d’Arcachon. Ils sont rejoints en septembre par de nombreux individus originaires des Pays-Bas et de Grande-Bretagne. Ces hivernants repartent progressivement de février à avril. Une partie de la population fait cap au sud vers les côtes d’Afrique. La France est l’unique pays où sa chasse est autorisée.

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Huîtrier pie avec une coque au bout du bec (Photo prise sur le vif de Jacques L.)
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Camomille
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De curieux amoncellements de blocs de granite
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Criste marine, condiment et propriétés médicinales
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Lichen (site)
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Lichen
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Lichen
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Armature de container
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Jeune goéland peu farouche et quémandeur de nos reliefs de pique-nique
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Aigrettes garzettes
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Lichen
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Spergulaire marine
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La couleur des roches s’éclaircit en s’éloignant de la mer.
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Rat étêté par un prédateur
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Fontaine et lavoir de Prat ar c’hanap (voir site) – Merci à la sœur de Jeanne V. pour sa relecture attentive, ses corrections et précisions.
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Azuré
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Une grande variété de mouches butine les fleurs. Parmi celles-ci l’éristale gluante ressemble à une abeille, mais elle n’a qu’une paire d’ailes et ne pique pas.
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Rosé des prés ?
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Sur le port de Roscoff, vente de crabes et de homards

A notre retour au port de Roscoff, nous avons la surprise de découvrir un petit étal improvisé de crabes et de homards. Les marins pêcheurs, de retour d’une campagne de pêche de trois semaines en mer d’Irlande, sont allés déposer leurs prises à Morlaix avant de revenir à leur port d’attache. Sur le quai, une petite fraction de la pêche est proposée en vente directe. Les clients, des habitués du coin, se pressent autour d’eux pour bénéficier de l’aubaine. Première région française pour les produits de la pêche, la Bretagne, assure 47 % des ventes en France. Dans la région, 80 établissements et 3 600 salariés transforment les produits de la mer dont les trois quarts travaillent dans le Finistère. La conserverie et la salaison de saumon et de truite constituent les deux activités principales. Quant à la pisciculture marine, elle se concentre exclusivement sur quelques espèces dont le cycle de vie est parfaitement maîtrisé: le saumon, le bar, le turbot, la daurade et la truite de mer.

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Roscoff

Presque au cœur de la tempête Aurore !

Le 20 octobre, nous nous rendons sur l’Ile Grande près de Pleumeur-Bodou en Côtes d’Armor. A peine dix minutes après avoir débuté notre marche en direction du sud, une averse drue nous oblige à nous réfugier dans un bosquet dont les ramures nous abritent un peu du déluge. A la première accalmie, nous retournons à la voiture pour enfiler les bottes et repartons sur le sentier en sens opposé, de façon à tourner le dos aux intempéries. Dans l’ignorance des puissances qui combattent dans le ciel et de la tempête qui se profile, nous longeons paisiblement les dunes de Toul Gwenn en bordure de la baie de Keryvon et face à l’Ile d’Aval, tandis que le ciel se découvre peu à peu. C’est sous un soleil magnifique que nous parcourrons le circuit pédestre jusqu’en fin d’après-midi, toujours chaussés de nos grandes bottes de caoutchouc !

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Signalétique pittoresque près du bosquet où nous attendons que la pluie cesse.
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Demi-tour vers la voiture ! (Ile Grande)

Comme le remarquera Dimitri, le vent, en provenance du sud ce jour-là, tournera le lendemain à l’ouest et le surlendemain au nord. Les fronts pluvieux se succèdent, alternant avec de belles éclaircies. La première tempête de la saison, baptisée Aurore, touche la moitié nord de la France durant la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 octobre. De ma chambre située sous le toit, j’entends frémir la structure et les ardoises se soulever. Je m’attends à ce que le vent fracasse les deux velux et s’engouffre à l’intérieur. Heureusement, il n’en sera rien et je m’endors, bercée par la tempête. Pourtant, plus violente que prévu, ses rafales atteindront 175 km/h à Fécamp sur la côte normande !

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Progression de la tempête Aurore du 20 au 21 octobre (via ECMWF)

L’animation en lien met en évidence les masses d’air subtropicales situées sur la zone cyclonique du bassin atlantique. On constate leur déplacement vers l’est du bassin, jusqu’au dessus de la France au moment où naît la dépression Aurore au large de nos côtes ! On comprend pourquoi les températures ont atteint des niveaux anormalement élevés en début de semaine (28°C le mardi 19 octobre à Biarritz !), mais on note aussi la présence d’ingrédients très favorables au creusement d’une dépression très dynamique. La rencontre entre l’air excessivement doux d’origine subtropicale et l’air très frais sur les Îles Britanniques a contribué au creusement de la dépression Aurore au nord-ouest de la Bretagne dans l’après-midi du mercredi. Cette tempête s’est ensuite rapidement intensifiée avec un cœur circulant en Manche puis sur le Benelux en cours de nuit du 20 au 21 octobre.

À l’arrivée de la dépression, une ligne de fortes averses balaie la Bretagne en fin d’après-midi du mercredi, notamment le Finistère, accompagnée des premières violentes rafales de vent. Toutefois, c’est une tornade qui a été observée sur la commune de Plozévet (Finistère) peu après 17 heures, causant des dégâts considérables sur plusieurs quartiers. Une maison en construction s’est totalement effondrée. Le phénomène a parcouru environ 3 kilomètres entre Kerbinou et Menez-Kerguélen.

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Des rides figées dans le sable fin et humide (Ile Grande)
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Une côte fortement remaniée par les activités humaines d’extraction du granit (Ile Grande)

Plus de 4000 ans d’exploitation du granit !

Au large estuaire du ruisseau de Kerhuel succède une côte rocheuse profondément remaniée par les activités humaines. En effet, l’Ile Grande est truffée d’anciennes carrières de granit (“granit” pour les carriers et les architectes, mais “granite” pour les géologues) dont l’extraction se faisait au rythme des marées: quarante siècles de production depuis l’allée couverte de l’Île-Grande jusqu’à leur première mention dans les archives municipales ! Pour la construction de la cathédrale de Tréguier en 1463, 190 pierres de taille furent fournies par les carriers de Pleumeur-Bodou – la ville dont dépend l’Ile Grande – (transport compté en “escaffées” ou “gabarrées de pierres”). Mais c’est surtout au XIXe siècle que cette extraction a pris de l’ampleur. De 1860 à 1910, pas moins de 800 tonnes par mois sont extraites et taillées sur l’île ! Les dernières carrières fermeront en 1989.

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Statue à la mémoire des tailleurs de pierre (Ile Grande), par le sculpteur David Puech, à l’emplacement d’une ancienne carrière appelée localement le « Lion », à l’est de Pors Gwen.
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Une mouette rieuse peu farouche, amatrice des reliefs de pique-nique que lui lance Joël. (Ile Grande)

Quelles sont les raisons de ce succès ? L’explication tient à la qualité du granite dont voici un témoignage. “La construction du fort de l’île aux Moines, dans l’archipel des Sept-Îles, fut lancée en 1740 et achevée quelques années plus tard. Ici, la pierre, à savoir un granite grisâtre assez sombre, surabonde. Toutefois, elle présente un double handicap : des fissures (« le fil » des carriers) et une grande dureté, ce qu’attestent les documents à l’époque des travaux : « la pierre du lieu est d’une dureté infinie. Un bon ouvrier n’en peut pas tailler un pied par jour au lieu qu’ordinairement, il en taille cinq ou six ». Si les pierres de l’île ont pu livrer des moellons à l’ouvrage, il s’est avéré nécessaire d’aller quérir ailleurs les pierres de taille et de les « voiturer par mer » à partir du district de l’Île Grande (île Morvil et Keraliès).”

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L’excavation laissée par l’ancienne carrière de Castel Erek près de l’actuel site de la LPO

Sous l’action de ces innombrables carrières, partout récifs et platiers ont été démantelés dans ce district de l’Ile Grande, sur la côte occidentale du Trégor. Ces dernières décennies, il est devenu évident que l’exploitation de carrières suscite de nombreux impacts sur l’environnement : dégradation irréversible des sols et du sous-sol (décapage, extraction, abattage, terrassement, etc.), modification des paysages et des habitats naturels, impact sur la biodiversité, émission de poussières, vibrations et nuisances sonores (explosifs), rejets de gaz à effet de serre (transport) ou de matières en suspension (ressources en eau)… Depuis 1993, les carrières sont soumises à la loi sur les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) et doivent respecter des règlementations spécifiques à chaque étape (ouverture, exploitation, fermeture). – Cela ne nous empêche pas d’externaliser l’extraction des matières premières dans des pays à la législation moins protectrice… –

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Des oiseaux sauvages malades, affaiblis ou blessés sont soignés à la LPO, installés en volière pour leur convalescence, puis relâchés.

Avant d’accueillir la LPO, le site de Castel Erek a été exploité durant une centaine d’années comme carrière de granit et ce, jusque dans les années 1960. La maison de la réserve naturelle des Sept-Iles servait autrefois d’atelier aux tailleurs de pierre. C’était l’une des plus importantes carrières du Trégor. Elle entamait le granit interne de l’île, en témoigne une large excavation baignée d’eau, fermée par un mur pour la protéger des entrées de la mer. On voit encore les traces des outils sur le granite bleu et blanc.

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Embarcations échouées à marée basse (Ile Grande)
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La poterie Leiz Leino de Trébeurden a réalisé les plaques de rue de l’Ile Grande et cette grande mosaïque sur le marais signée O. Guérin

Les prés salés de l’Ile Grande

Comme l’indique une grande mosaïque en céramique près du sentier pédestre dont je reproduis le texte ci-après, “Castel Erek est désormais reconnu pour ses habitats naturels menacés et rares à l’échelle européenne. Le site accueille une flore et une faune remarquables: 5 espèces d’orchidées (Orchis bouffon), 11 espèces de reptiles (Vipère péliade) et amphibiens (Crapaud calamite, Pélodyte ponctué) et plusieurs espèces d’oiseaux spécifiques de ces milieux (Pipit farlouse, Traquet motteux).”

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Pipit farlouse sur une pelouse de soude maritime, suaeda maritima (photo Jacques L.)
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Des plantes adaptées à un environnement marin rythmé par la marée

“Les marais maritimes (ou prés salés) sont des étendues plates constituées de sédiments fins (vase ou sable fin) qui acceptent une submersion à haute mer (à partir du coefficient 80). On les trouve uniquement dans des zones abritées: la côte de l’Ile Grande, qui se prolonge à Trébeurden, offre des sites très favorables, les nombreuses petites îles au large brisant la houle. A la différence des grands marais, tels celui de la baie du Mont Saint Michel ou ceux de la façade atlantique, la sédimentation y est peu importante. Les marais de l’Ile Grande sont en quelque sorte des marais fossiles dont la formation remonte à environ 2000 ans (lorsque, après les glaciations du Quaternaire, la mer a atteint son niveau actuel). Ils se sont développés sur des sédiments fins (loess) apportés par le vent pendant les glaciations, alors que le niveau de la mer était plusieurs dizaines de mètres plus bas et que la Manche était à sec…”

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Embarcations échouées dans l’estuaire à marée basse
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Ancien lavoir de Run Losquet

“Les plantes capables de s’adapter à un tel milieu sont peu nombreuses. On les appelle halophytes: on en trouve une vingtaine d’espèces dont la répartition est fonction de leur degré de tolérance au sel, ce qui explique leur étagement (plus une plante est située haut dans le marais, moins elle tolère le sel). Les plantes des marais vivant alternativement en milieu marin et en milieu terrestre présentent une morphologie adaptée à ce mode de vie particulier. Certaines plantes ont une répartition plus spécifique, comme par exemple les obiones que l’on trouve préférentiellement en bordure de chenaux (milieux bien drainés) ou les scirpes, là où il y a des sources (permanence d’eau douce).”

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Étagement des végétations selon le degré d’inondation par la marée et la disponibilité en eau douce.

“Les zones humides côtières servent d’escales et de lieux d’hivernage pour un grand nombre d’oiseaux migrateurs (bécasseau minute, chevalier gambette, tourne-pierre à collier…). D’autres oiseaux y vivent toute l’année (huîtrier pie…). Certains y nichent (mouette rieuse…). Autrefois, elles servaient de pâtures (encore aujourd’hui dans la baie du Mont Saint Michel avec les fameux moutons des prés salés; certaines étaient fauchées, puis brûlées afin d’obtenir des produits chimiques (la soude); certaines plantes enfin étaient mises en conserve comme des cornichons (salicorne).”

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Maison bioclimatique avec des fenêtres orientées au nord ?

“Supprimer, combler, polluer les marais maritimes, équivaut à moyen terme à détruire tout un équilibre écologique, et par là même une grande partie de la richesse économique du littoral… Et pourtant, dans les côtes du nord, 45% de la superficie des marais ont perdu leur vocation de zone humide en un siècle. Ceux qui restent doivent maintenant être efficacement protégés et entretenus. Les marais de l’Ile Grande (13 ha) ont été très touchés par la marée noire de l’Amoco Cadiz en 1978 (34 000 tonnes de pétrole en ont été retirées). Des efforts considérables ont été entrepris pour les nettoyer et les remettre en état.”

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Un patchwork d’herbes et d’algues à la tolérance différente au sel

“La valeur des marais réside dans leur haute fertilité propre et le rôle de nourricerie obligatoire qu’ils assurent vis à vis de jeunes de nombreuses espèces commerciales. La production végétale dite primaire y est très forte (plusieurs fois celle des champs cultivés, soit 50 à 150 tonnes de poids frais par hectare et par an – 10 à 20 tonnes de poids sec). Cette production est non seulement le fait des plantes à fleurs du marais, mais surtout celui d’algues microscopiques couvrant d’un mince film souvent doré la surface des vases et les grands végétaux eux-mêmes. Les marais sont des zones abritées. Cette forte production végétale au lieu d’être dispersée et entraînée au large s’accumule sur place. Elle nourrit directement ou indirectement (par le biais des détritus qu’elle engendre avec le concours essentiel des bactéries) une forte production animale.”

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Architecture un peu plus traditionnelle

“Coquillages, vers et crustacés y pullulent (5 à 10 tonnes /hectare/an) assurant la nourriture des très jeunes et jeunes poissons et crustacés des espèces commerciales: poissons plats, mulets, bars, crevettes, en tout de l’ordre de 100 à 250 kilos d’alevins qui vont en grandissant gagner les zones plus profondes au large. Les zones de pêche proches des marais, des estuaires ou des grands champs d’algues sont deux fois plus productives en poissons débarqués que les autres. Ce qui explique aussi le développement de la conchyliculture (moules et huîtres) et les essais d’aquaculture au voisinage des marais et des estuaires.”

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Ah ! Les champignons poussent sous les pas de Joël (ici, clavaire) !

L’agriculture, une cause d’érosion côtière ?

Le 21 octobre, il ne fait que 12°C après la tempête Aurore qui a déferlé sur les côtes bretonnes et normandes. Dimitri nous emmène de nouveau aux dunes de Keremma sur la baie de Goulven où nous observons les oiseaux dans de meilleures conditions de luminosité que la première fois. Je note rapidement les noms au fur et à mesure que nous pointons jumelles et lunette dans leur direction: busard des roseaux, pluviers, vanneaux, spatule, aigrette, canards pilet, canards siffleurs (tête rousse), chevaliers arlequin (pattes rouges), gambette (pattes orange) et aboyeur (pattes vertes), courlis (long bec recourbé vers le bas). Sur la dune au bout de la digue, un lapin trotte de ci, de là. Nous nous rapprochons du barrage et je note encore: sarcelles d’hiver, cormorans, mouettes rieuses, goélands, bécasseaux variables, un grand vol de pluviers dorés, combattants variés.

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Nouvelles observations de bonne heure à Goulven

Pendant un long moment, Dimitri monopolise la lunette. Un oiseau l’intrigue: son comportement très agité par rapport à ses voisins, sa silhouette, des détails qui ne collent pas. Enfin, Dimitri finit par en avoir le cœur net: il s’agit très probablement d’un bécasseau à queue pointue qui vient de Sibérie, se serait-il égaré à cause des intempéries ? Il nous signale le site Faune Bretagne, où l’on peut lire la liste des oiseaux vus au jour le jour. Il faut créer un compte pour accéder à la consultation multicritères. Le soir, il y signalera son observation qui pourra éventuellement être validée si un autre ornithologue voit aussi un oiseau de cette espèce en Bretagne. En repartant, nous observons un busard des roseaux mâle, trempé et tout ébouriffé, perché sur un buisson.

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Nos ombres sur le pré salé

Nous nous rendons au marais de Curnic sur la commune de Guissény. Malheureusement, la météo se dégrade pendant le trajet. Nous laissant à l’abri dans la voiture, Dimitri part jeter un œil sur la faune du marais. Il n’y a pas foule. Mes compagnons consultent le site Météo et Radar qui donne la prévision de la pluie heure par heure. Comme la fin de l’averse est sans cesse retardée, nous finissons par manger notre pique-nique sous la pluie…

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Début des dunes de Keremma à l’anse de Kernic

Le front pluvieux se déplace rapidement et une éclaircie s’annonce: changement de plan et départ pour l’anse de Kernic. Couvrant aujourd’hui 200 hectares environ, elle présentait une étendue naturelle presque double avant la construction de deux digues successives. Trois cours d’eau s’y déversent : le Kerallé, le Rest et le Frout. Les dunes de Keremma protègent ici aussi l’arrière-pays et elles s’étendent sur 10 km jusqu’à Goulven où nous étions en début de matinée. La pointe qui forme le goulet de la baie a subi une forte érosion au cours des dernières décennies. La maison qui s’y dressait, Ti An Aot, trop menacée, a été démolie en mars 2000. Elle avait été construite en 1952 sur les ruines d’une autre, relativement ancienne, Ti Lacaze, détruite par l’occupant pendant la guerre.

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La pointe de la dune a subi une forte érosion près de l’embouchure.

Un article de 1998 détaille les causes de cette érosion. “Les rivages dunaires de la baie de Goulven (Finistère) sont actuellement presque partout en érosion. La préservation de ces cordons protégeant des zones basses gagnées sur la mer au cours du siècle dernier devrait être aujourd’hui l’enjeu primordial de la gestion de l’ensemble du site. De nombreux travaux de protection et d’aménagement ont été entrepris depuis quelques années, notamment par le Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres, propriétaire du massif dunaire de Keremma qui occupe le sud de la baie. Les actions menées concernent uniquement les espaces dunaires et ne touchent pas véritablement à la gestion à long terme du stock sédimentaire qui les constitue. Bien que les flèches dunaires protégeant le fond de la baie s’amincissent d’année en année, on a autorisé des extractions massives de sable sur les estrans et malgré le danger de rupture de la flèche de Kernic, on laisse encore, pour des raisons plus électoralistes qu’économiques, ces pratiques se perpétuer.”

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Les oiseaux se reposent de leur migration

Pourtant, depuis 1985, l’extraction de sable siliceux (sable de plage) et de galets (pour l’élaboration de béton) est interdite en Bretagne. Par contre, le sable coquillier n’est pas utilisé pour la construction mais pour l’agriculture. Il sert d’amendement des terres agricoles. Pourquoi utiliser ce sable ? Les terres bretonnes sont naturellement acides ; les agriculteurs ont besoin de cet apport calcaire pour désacidifier leurs sols et fournir un apport nutritionnel à leurs cultures (orge, blé, luzerne, betterave). La Bretagne est d’ailleurs la seule région en France où les matériaux calcaires sont exploités, avec un volume maximal autorisé de 201 400 m3 par an. Un article plus récent apporte un nouvel éclairage sur l’évolution du trait de côte. Selon les endroits, la variation peut provenir de la conjonction de fortes tempêtes hivernales avec des conditions de marée astronomique maximale, alors que d’autres lieux dépendent d’interventions anthropiques comme la construction d’une digue ou, dans le cas précis de la flèche sableuse de Kernic, de prélèvements de sable coquillier très volumineux et répétés, passant de 4 000 m³ en 1981‑82 à 14 900 m³ en 1995‑1996, le maximum (plus de 19 000 m³) ayant été atteint en 1991‑1992.

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Chaque espèce choisit le milieu qui lui convient dans le marais

Faucon pèlerin en chasse

D’emblée, Dimitri repère un faucon pèlerin adulte posé sur une étendue sableuse de la baie. A son ton surpris, nous devinons que c’est déjà en soi une anomalie. Nous observons le beau plumage des tadornes de Belon, des spatules qui font des arcs de cercle avec leur bec pour tâter le fond meuble et détecter leurs proies minuscules, un héron cendré. Dimitri évoque la raréfaction du faucon pèlerin car il mange des grives qui mangent des insectes qui mangent des végétaux empoisonnés par des pesticides: il se produit une bio accumulation de ces derniers, multipliée à la puissance 10 à chaque niveau de prédation. Il mentionne les actions pour la sauvegarde des rapaces initiées par les frères Michel et Jean-François Terrasse avec le Fonds d’Intervention pour les Rapaces (FIR) qui fut par la suite intégré à la LPO.

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Parfois, un groupe s’envole pour se reposer un peu plus loin (vanneau huppé).

Soudain, surprise ! Les mouettes rieuses qui étaient posées au loin, de l’autre côté du marais, s’envolent toutes ensemble. Dimitri en cherche la cause et repère très vite le faucon pèlerin. Nous assistons alors à une superbe scène de prédation décrite avec la verve et l’enthousiasme d’un commentateur espagnol de match de foot par Dimitri qui suit l’action à la lunette tandis que nous suivons aux jumelles. Par deux fois, le faucon prend de l’altitude et échoue dans sa tentative d’attraper une proie, sans doute troublé par la multitude. La troisième tentative sera fructueuse.

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Le faucon pèlerin derrière un alignement de goélands (Photo Jacques L.)
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Le faucon pèlerin plume la mouette. (Photo Jacques L.)
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Le faucon pèlerin s’est éloigné pour terminer tranquillement son repas. La solitude du rapace tranche avec le comportement grégaire des oiseaux marins.

Il chope une mouette avec les serres, la plaque au sol, l’achève d’un coup de bec et commence à la plumer aussitôt. Seuls demeurent à proximité du rapace des goélands qui ne craignent pas d’être pris à partie (au moins tant que le prédateur déjeune). Dimitri déduit de la taille de la proie qu’il s’agit d’une femelle de faucon pèlerin. Le mâle, surnommé le tiercelet (car il fait un tiers de la masse de la femelle), attrape des proies plus petites (pigeons). Il nous dit que plus l’oiseau est gros, moins il a besoin de s’alimenter, toutes proportions gardées. C’est une question de déperdition d’énergie calorique des animaux à sang chaud.

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Un grand vol (vanneau huppé)
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Vanneau huppé
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La spatule, reconnaissable à son bec élargi à l’extrémité

En nous avançant sur le chemin pour tenter de mieux voir le faucon pèlerin, nous observons encore des Serins cinis, des mouettes mélanocéphales, une sterne caujek, plus petite que les mouettes et les goélands et pourvue d’un bec noir à pointe jaune, une grive musicienne, un courlis cendré, encore des mouettes rieuses, un gravelot. Derrière nous, un traquet motteux prospecte la lande. Dimitri nous dit que durant la dernière glaciation, cette espèce s’était réfugiée en Afrique, puis elle a suivi le front de glace qui reculait et entrepris la colonisation de nouveaux territoires de nidification vers le nord où la concurrence était moindre. Ce faisant, la population de traquets motteux s’est scindée en deux, l’une se dirigeant vers la Sibérie et l’Extrême-Orient, et l’autre vers l’Alaska, le nord du Canada, l’Arctique, le Labrador.

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Faucon crécerelle (Photo Jacques L.)
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Cygnes adultes et juvéniles (au plumage brun)
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Les superbes couleurs métalliques du plumage de la pie
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Traquet motteux
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Faucon crécerelle sur un rocher couvert de lichen jaune (Xanthoria parietina, parmélie des murailles, ou Xanthoria aureola, plutôt inféodée à la zone supralittorale): la première est nitrophile, elle a une affinité pour des milieux enrichis par les fientes d’oiseaux, et elle est abondante sur les rochers exposés aux embruns.
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Faucon crécerelle envolé sur un grand cyprès de Lambert

Par contre, une fois la reproduction effectuée, tous se retrouvent encore aujourd’hui en hivernage en Afrique ! La migration Terre-Neuve – Sénégal, par exemple, représente un vol de près de 5000 km, dont 3500 km sans escale au-dessus de l’Atlantique ! Et près de 15 000 km via la Sibérie et le désert d’Arabie pour ceux qui viennent d’Alaska ! Comment font ces tout petits oiseaux qui pèsent à peine 25 grammes ? A l’approche de la migration, ils sont pris d’hyperphagie, ils mangent tellement qu’ils doublent leur poids en accumulant de la graisse. En outre, leur corps subit des transformations profondes, les intestins raccourcissent, les testicules aussi. Pendant le trajet, ils dépenseront 1 gramme de graisse (glycogène) par 1000 km. Dimitri recommande la lecture du livre de Maxime Zucca, La migration des oiseaux – Comprendre les voyageurs du ciel. Il a beaucoup aimé aussi celui de Pierre Rigaux, Pas de fusils dans la nature.

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Migration du traquet motteux : trajets migratoires d’oiseaux porteurs de balise (source)
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Club de char à voile
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Un choix de chars pour adultes et enfants
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Instructions pour les pilotes en herbe de char à voile
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Allée couverte de Guinirvit

Nous sommes encore tout excités par le spectacle rare de cette scène de prédation qu’affectionnent les scénaristes de documentaires animaliers. Ils donnent l’impression, erronée, que rapaces et fauves sont tout le temps en train de chasser, et qu’ils réussissent toujours du premier coup ! Longeant le marais, nous entamons un petit circuit. Nous passons devant les vestiges de l’allée couverte de Guinirvit, monument funéraire datant d’environ 4550 ans (fin du néolithique, début de l’âge du bronze). Le monument a été fortement endommagé par l’intervention inconsidérée des hommes au cours des siècles: il a perdu toutes ses dalles de couverture, et quelques uns de ses piliers ont été brisés ou ont disparu. Les pierres ainsi récupérées ont servi à diverses constructions aux alentours, telles que les cales de goémoniers et les fours à soude.

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Allée couverte de Guinirvit

Depuis le début des années 1960, des fouilles ont révélé la présence de fragments de mobilier néolithique final et chalcolithique : tessons de poterie, grattoirs en silex, percuteurs en quartz, haches polies et pointes de flèches. Selon Y. Lecerf (Direction des Antiquités de Bretagne) qui y a effectué des fouilles en 1983 : “Son double péristalithe (couronne) et son possible enclos lui donnent un caractère particulier non reconnu à ce jour sur les monuments analogues.” Comme les autres monuments de ce type, il était recouvert à l’origine d’un tumulus que l’érosion marine aura fait disparaître. A l’époque de sa construction, le niveau de la mer se trouvait en effet beaucoup plus bas (de l’ordre de 7 à 10 mètres). Aujourd’hui, par grande marée, l’allée disparaît complètement sous les eaux.

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Des dalles de l’allée couverte ont été retirées et employées ailleurs.

Une forêt livrée à elle-même

Pour la fin de notre séjour, Dimitri a décidé de changer complètement de milieu : près de Lannion, en côtes d’Armor, 60 hectares de forêt parcourue par une rivière sont passés en 2013 sous la protection de l’ASPAS, une association de la Drôme.  Grâce à des dons, l’Association de protection des animaux sauvages opère des acquisitions foncières de sites naturels destinés à évoluer sans intervention humaine. L’accès à la Réserve de Vie Sauvage du Trégor est bien difficile à trouver. Le deuxième sentier ouvert au public doit être plus accessible sans doute. Ayant pour emblème l’escargot de Quimper, la réserve est constituée de plusieurs parcelles situées en bordure du Léguer sur la commune de Ploubezre. La forêt est composée principalement de futaies et de taillis, ainsi que d’une ripisylve – végétation naturelle de bord de cours d’eau – très peu altérée.

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Une forêt qui se gère elle-même
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Acheter pour protéger
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Aucune intervention humaine n’est autorisée.

Comme nous l’avons remarqué durant notre séjour, les milieux forestiers sont assez rares dans les environs, ce qui lui offre un caractère exceptionnel. Par ailleurs, il n’existe plus d’ouvrage totalement infranchissable sur le cours du Léguer depuis l’effacement en 1996 du barrage de Kernansquillec. Le libre déplacement des sables et graviers permet la formation de belles frayères pour la lamproie marine et, aujourd’hui, la population du saumon Atlantique est considérée comme optimale. La rivière est d’autant plus sauvegardée qu’elle est inscrite dans un périmètre de protection pour les captages d’eau potable de Keriel et de Lestreuz mis en place fin 2009 sous l’égide du syndicat des Traouïero de Lannion. Toutes les activités susceptibles de générer une pollution sont interdites et/ou réglementées. Sur un panneau qui affiche le plan du secteur, les promeneurs sont même encouragés à signaler toute infraction.

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L’eau de la rivière est captée pour l’eau potable, mais nous voyons des mousses suspectes.
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Une grande variété de champignons
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Des champignons pour la mycorhize, en symbiose avec les arbres vivants et des champignons qui dégradent le bois mort.

Nous nous sentons bien dans ce bois où nous cheminons en file indienne sur le sentier. Dimitri nous signale la présence de la loutre, animal très farouche et discret, difficile à observer directement. Ce n’est toutefois pas impossible, alors je guette d’un œil la rivière, ses rochers et ses îlots dans l’espoir de l’apercevoir. Dimitri s’arrête au-dessus d’une petite plage envasée. Il semble qu’elle comporte des empreintes. Il pointe ses jumelles dans leur direction (elles se trouvent à moins de deux mètres) et nous commente ce qu’il voit: une empreinte un peu semblable à celle d’un chat, plutôt arrondie, avec cinq doigts griffus reliés par une palmure, c’est celle d’une patte avant de loutre.

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Empreinte de patte d’une loutre
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Empreinte de patte d’une loutre
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Un pic noir a creusé le tronc mort pour se nourrir des larves d’insectes.
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Les grands trous sont caractéristiques.

Un peu plus loin, l’alignement des arbres indique que cette parcelle a été plantée. Ses arbres étaient destinés à la coupe pour le bois d’œuvre ou le bois de chauffage. Les champignons que ne manque pas de remarquer Joël (y compris deux beaux cèpes) montrent que la mycorhize est active, la forêt est en bonne voie de récupération. Sur le chemin du retour, des fientes maculent les feuilles et les herbes du sous-bois. Dimitri nous demande de lever les yeux: à l’aplomb se trouve une branche où se perche la chouette hulotte. La nuit, elle guette le son des pas des rongeurs et petits mammifères qui, en faisant crisser les feuilles mortes, trahissent leur présence sur le sentier. Son vol parfaitement silencieux et sa vue adaptée à la pénombre lui permettent de fondre sur sa proie avant qu’elle ait le temps de s’en rendre compte.

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Érosion curieuse de la roche granitique
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Maison sur le granite
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Sentier des douaniers

Le pique-nique se déroule sur la célèbre côte de granit rose dont les teintes, malheureusement, sont atténuées par une nouvelle arrivée de nuages. Est-ce la tempête passée ou bien la marée qui n’est pas propice ? En parcourant le sentier des douaniers dans les landes de Ploumanac’h, près de Perros-Guirec, nous ne verrons que peu d’oiseaux. Peut-être eût-il fallu inverser l’ordre des deux destinations, se demande notre guide. Qu’importe ! L’ensemble du séjour, en dépit des conditions parfois calamiteuses et la météo irrégulière, a été tout à fait satisfaisant, et nous repartirons le lendemain la mémoire emplie de ces riches expériences.

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Chapelle aux décorations curieuses
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Dans le style des gargouilles

Notes:

  • 17/10/21 : Carantec – Bruyère ciliée, callune vulgaire, oie bernache, huîtrier pie, cormoran huppé, goéland cendré (pattes roses), aigrette garzette (pattes jaunes) – Dimitri parle du papillon Pacha à 2 queues, hôte de l’arbousier en Corse – ombilic (plante comestible), accenteur mouchet, goéland marin (grand à dos brun) – cyprès de Lambert (originaire de Californie), tilleul immense à plusieurs troncs, tarin des aulnes en migration, amanite panthère et amanite topsis (?), paxillus involutus (paxille enroulé) – Barnénez – armérie, roitelet, marnage de 10 mètres à Roscoff, littorine obtuse, sureau ayant subi une anémomorphose (déformé sous l’action du vent), faucon crécerelle, faucon pèlerin (vu seulement par Dimitri) – dans un bassin, triton palmé, larves de salamandre tachetée et têtards de crapaud commun (vus en février lors de sa reconnaissance des lieux), ce 17, larve de libellule mourante (très apathique), Dimitri témoigne qu’il voit de moins en moins de gyrins, de dytiques, de notonectes – tircis (papillon), grive musicienne (nombreux individus), grive mauvis, se nourrissant sur des buissons de prunelliers et d’aubépines, grive draine, merle, bruant zizi, piéride du chou (sur les choux), linaire – amanite panthère, tarier pâtre, courlis, tadorne, colvert, aigrettes, chevaliers gambettes et aboyeurs – Dombes (Ain, nord-est de Lyon): loutre, panéole (lames nuageuses): champignon sur les crottes et les bouses. Le castor est présent en Espagne à Lumbier. Bécasseaux sanderling.
  • 18/10/21 : agaric (champignon blanc un peu phosphorescent sur la pelouse du gîte à Santec), anse de Goulven, Pierre-Jakez Hélias, Le cheval d’orgueil (livre sur la Bretagne), saule – roitelet, pouillot, bouscarle, canard siffleur, courlis, chevalier aboyeur, gambette, arlequin, canard pilet, spatule, martin pêcheur, busard des roseaux, grèbe castagneux, colvert, barge rousse (migration vol direct sans escale Alaska-Nouvelle-Zélande), mouette rieuse, goéland, barge à queue noire juvénile (pas farouche, née en Islande, 1ère migration), vanneau huppé, combattant, varié, héron cendré, bécassine des marais – Molène (bouillon blanc), marée basse à 11h50, crâne de héron garde-bœufs, traquet motteux, bécasseaux sanderling (clairs) et variables (foncés), grand gravelot, pipit, pluviers argentés et dorés, linottes (juvéniles), tourne-pierre à collier
  • 19/10/21: Ile de Batz, alysse, courlis cendré, centranthe rouge, bernache cravant en vol, goéland marin juvénile sur un cadavre de poisson, linotte, faucon pèlerin, épervier, pinson des arbres, verdier, pipit farlouse, étourneaux, corneille, accenteur mouchet, huîtrier pie (joli cri), sterne caujek, faucon crécerelle, héron cendré, aigrette garzette, tarin des aulnes, pipit farlouse (mini grive) sur un terrain de foot, touradons noirs des herbiers fanés, ici pas de castor mais ragondin oui (traces dans la boue), accenteur mouchet, chrysomèles (marron), fou de Bassan, puffin fuligineux (vient de Nouvelle Zélande), linotte mélodieuse, verdier, grand cormoran, grèbe castagneux, foulque macroule, cygne, rosé des prés (lépiote campestris), coulemelle, tête de rat sur le chemin (étêté par un prédateur), éristale gluante (mouche ressemblant à une abeille) sur une ombellifère, tadorne, tourne-pierre à collier – Fou de Bassan noir âgé d’un an (3 ou 4 ans pour devenir adulte): problème thermocline plus basse (couche superficielle chaude plus épaisse), donc poissons d’eau froide moins accessibles (les adultes doivent pêcher plus au nord, mortalité plus grande des jeunes moins bien nourris) – Les oiseaux de mer représentent 3% des espèces et vivent majoritairement en colonies – pluvier argenté, bande d’huîtriers pie, courlis cendré, bécasseaux sanderling, et 1 bécasseau minute (très petit).
  • 20/10/21 : L’Ile Grande, sur la route, un faisan de Colchide (poule faisane élevée industriellement et relâchée au moment de la chasse – cisticole des joncs, alouette des champs – grosse averse et rafales – 100 étourneaux sur prunelliers, huîtrier pie (long bec formé d’un os entouré d’un fourreau qui s’allonge comme un ongle et s’use et change de couleur, ici rouge vif) – organe de Jacobson, sensoriel, tarin des aulnes, pipit farlouse, bécassine des marais (pendant son vol sinusoïdal en descente, dans l’accélération ouvre sa queue, provoque une friction de l’air qui produit un son vibrant avec ses plumes rectrices) – silène maritime, accenteur mouchet, mauve maritime, pipit maritime, côte de granit rose, carrière de pierres, bouscarle de Cetti dans un buisson derrière nous. GR marin – tarins en migration LPO alcidés, grand pingouin du Labrador éteint en Europe (représenté dans la grotte Cosquer – à Marseille, fac similé de la grotte) –  espèces d’alcidés, ventre blanc, dos noir, leurs proies, les poissons, ne les voient pas arriver et leurs prédateurs aériens ne les décèlent pas dans l’eau. Tous battent des ailes sous l’eau, mais ils volent mal. 3 espèces visibles jusqu’en Espagne. Macareux moine presque disparu en Bretagne (200 couples en France, 3 à Morlaix) car au début du chemin de fer, chasse de loisir au fusil et au filet-épuisette. Ils souffrent des marées noires. Guillemot de troïl en grandes colonies. Macareux nichent en terriers, jeunes guillemots et pingouins se jettent à l’eau avant de savoir voler. L’œuf du guillemot est en forme de poire pour ne pas tomber de la corniche ni rouler. pipit maritime dans les algues brunes – Cisticole des joncs, tarier pâtre, étourneaux, pipit farlouse, épervier a fait fuir un grand vol d’étourneaux – chevalier cul blanc (?) – Sur le chemin du retour en voiture, passage le long de Plestin les grèves: très belle plage avec beaucoup d’oiseaux – carrière
  • 21/10/21 : 12°C – dunes de Keramma – busard des roseaux, pluviers, vanneaux, spatule, aigrette, canards pilet, siffleur (tête rousse), chevaliers arlequin (pattes rouges) et gambette (pattes orange) et aboyeur (pattes vertes), courlis – lapin sur la dune, sarcelle d’hiver, cormoran, mouettes rieuses, goéland, bécasseaux variables, grand vol de pluviers dorés, combattant varié – identification laborieuse par Dimitri d’un bécasseau à queue pointue, qui vient de Sibérie, très agité, comportement différent des autres bécasseaux (égaré ?) – busard des roseaux mâle trempé et ébouriffé – site Faune Bretagne, oiseaux vus au jour le jour, il faut créer un compte pour accéder à la consultation multicritères – site Météo et Radar : prévision pluie heure par heure – transfert à Guisseny, marais de Curnic (pique-nique sous la pluie) – Anse de Kernic – faucon pèlerin adulte posé dans le marais, tadorne, spatule (fait des arcs de cercle avec son bec pour chercher ses proies), héron cendré – raréfaction du faucon pèlerin car mange grive qui mange insectes qui mangent végétaux: bio accumulation des pesticides, puissance 10 à chaque niveau. Sauvegarde des rapaces par FIR des frères Terrasse. Superbe scène de prédation du faucon pèlerin sur un vol de mouettes rieuses. 3 tentatives, la dernière fructueuse. Il plume la mouette sur la plage. C’est donc une femelle car il s’agit d’une grosse proie, le mâle, c’est le tiercelet (un tiers de la masse de la femelle), il attrape des proies plus petites – Plus l’oiseau est gros, moins il a besoin de manger proportionnellement. Serins cinis, mouette mélanocéphale, sterne caujek (plus petite que mouettes et goéland, bec noir à pointe jaune). traquet motteux : durant la dernière glaciation réfugié en Afrique, puis colonisation vers le nord, Sibérie, Extrême-Orient d’une part et Alaska, nord Canada, Arctique, Labrador d’autre part. Voie URSS et voie atlantique pour se retrouver tous en hivernage en Afrique. Terre-Neuve – Sénégal : en un vol de 3000 km ! hyperphagie, doublent leur poids, dépensent 1 gramme de graisse (glycogène) par 1000 km, intestins raccourcis, testicules aussi. Maxime Zucca, chants d’oiseaux et migrations – Grive musicienne – Pierre Rigaux: Pas de fusils dans la nature – Courlis cendré, mouettes rieuses, gravelot ?
  • 22/10/21 : 10°C, vent du nord. côte d’Armor, Lannion, Ploubezre ASPAS Association de la Drôme, acquisition foncière pour réensauvagement par libre évolution sans intervention humaine – vallée du Trégor autour du Légué près de Perros Guirec, loutre, saumon, lamproie, Jacques Perrin soutient l’ASPAS par ses dons. site avec une invasive, la balsamine de l’Himalaya, gerris (huile à l’extrémité des pattes pour marcher sur l’eau), un geai imite le cri de la buse (inféodé au chêne) – RVS du Trégor – rouge-gorge chante pour délimiter son territoire hivernal – loutre ? Ses épreintes forment une gélatine blanche contenant des écailles de poisson – un renard ou un blaireau a creusé le sentier – son “8 8 8” sittelle torchepot, grand corbeau (étonnant), grimpereau des jardins, roitelet, mésange charbonnière, accenteur mouchet, amanite – empreinte de loutre: 4 doigts courts comme un chat (raisonnement par élimination). Elle est passée cette nuit. mésange huppée, pic noir, creux alimentaires dans un tronc mort (chandelle) à la recherche de larves de coléoptères xylophages. langue très longue autour du crâne – pic vert se nourrit de fourmis (donc visible dans pelouses) – bosquet d’épicéas pour scierie – bergeronnette des ruisseaux – fiente au sol, regarder au-dessus, branche de chêne perchoir pour la chouette hulotte au-dessus du sentier (guette la nuit le froissement des feuilles mortes sous le pas des rongeurs pour les chasser) – Baptiste Morizot, pistage, relation homme nature, philosophe – vieux frêne (bourgeons noirs, écorce similaire au chêne) – sur la route, martre ou fouine blessée, boîte en disparaissant dans fourrés – Perros Guirec, landes de Ploumanac’h, sentier des douaniers, érigeron, mésange à longue queue, tarier mâle, escargot de Quimper, callune, bruyère cendrée, 3 macreuses noires, puffin des anglais, pingouin torda (très difficiles à voir, très loin en transit), bergeronnette des ruisseaux – déception, très peu d’oiseaux, pas bonne marée ?

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Boutal Marc
2 années

magnifique reportage sur un lieu où la nature est fortement présente.

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