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Groupe de randonneurs d’Anglet Accueille guidé par Richard, invitée: Cathy |
Pourquoi des hêtres plutôt que des chênes ?
La hêtraie de l’Autza (ou Hautza, Navarre, Espagne, au-dessus de Saint-Etienne de Baïgorry et du col d’Ispeguy) s’est installée avec du houx (Ilex aquifolium) sur un sol acide, pauvre en éléments minéraux (issu souvent de roches cristallines, de grès, de flysch, de limons à silex) dans un climat atlantique bien arrosé.
– Le régime de coupe lié à la gestion ancestrale a provoqué la dominance du chêne dans certaines de ces forêts. Lorsque ce régime s’amenuise, le hêtre et le houx reviennent souvent spontanément. –
Cortège floristique : Houx (Ilex aquifolium), If commun (Taxus baccata), Fragon faux houx (Ruscus aculeatus), Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa), Épervière de Savoie (Hieracium sabaudum), Épervière en ombelle (Hieracium umbellatum), fougère aigle (Pteridium aquilinum), myrtille sauvage (Vaccinium myrtillus), Chèvrefeuille des bois (Lonicera periclymenum), Mélampyre des prés (Melampyrum pratense), Germandrée scorodoine ou sauge des bois (Teucrium scorodonia), houlque molle (Holcus mollis).
Loche noire ou grande limace
Accouplement (Très jolie description sur le site en lien) – Pour ces gastéropodes, c’est le hasard qui décide du sexe de chacun(e), car les limaces sont hermaphrodites : elles sont à la fois mâle et femelle comme l’escargot, le ver de terre, la sangsue. Mais la rencontre entre deux individus et l’accouplement sont tout de même nécessaires pour qu’il y ait fécondation. La glande sexuelle, une gonade unique, produit des spermatozoïdes et des ovules. Tous les individus possèdent un pénis tubulaire, interne au repos, inséré latéralement à la base du vagin. L’orifice génital est situé sur le côté droit de la tête. Lors de l’accouplement, le pénis est introduit dans le vagin du partenaire où il éjecte le sperme. Le pénis de ces limaces atteint le cinquième de la longueur du corps. Les limaces vivent environ un an et meurent le plus souvent capturées par un prédateur : le hérisson, la musaraigne, le blaireau, le crapaud, l’orvet, le merle, la grive, le carabe, le staphylin, la larve du ver luisant…
A noter au passage que les limaces empoisonnées par les granules, pastilles ou poudre de métaldéhyde dans les jardins entraînent l’empoisonnement et la mort de leurs prédateurs…
Araignées
Agélène labyrinthe : Description de sa technique de chasse par piégeage grâce à sa toile (en cliquant sur le lien)
De part et d’autre du chemin, il y avait de très nombreuses toiles au centre blanchâtre très épais tendues devant ou contre les ajoncs, bruyères et autres buissons fleuris. Les araignées qui les tissent ont la particularité de prévoir une issue de sortie par un conduit ménagé à l’arrière de la partie la plus opaque de la toile. A la moindre alerte (un appareil photo qui s’approche par exemple), elles disparaissent instantanément. Elles chassent les insectes qui viennent butiner les fleurs dans leur secteur.
Épeire diadème : Description de ses mœurs (cliquer sur le lien)
Au contraire de l’Agélène labyrinthe, l’Épeire diadème bâtit une toile “arachnéenne” fine et géométrique à la verticale, fixée aux buissons et arbustes. Elle bloque ainsi le passage aux insectes qui circulent et se prennent dans ses rets.
Sur l’Autza, il y a plusieurs espèces d’Ericacées
– La Bruyère appartient au genre Erica qui comprend 11 espèces en France, caractérisées par une corolle en grelot ou en cloche. La Bruyère la plus commune dans l’ouest est la Bruyère cendrée (Erica cinerea). Il y a aussi la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix), la Bruyère ciliée (Erica ciliaris) et la Bruyère de Saint-Daboec (Daboecia cantabrica), appelée aussi Bruyère de Saint-Daboec, Bruyère des Monts Cantabriques.
– La Callune appartient au genre Calluna avec une seule espèce : Calluna vulgaris. Cette dernière se distingue par ses feuilles minuscules, qui se recouvrent et sont disposées sur 4 rangs.
Champignons
Peu de champignons comestibles sont spécifiques ou préférentiels du Hêtre. Citons parmi les mycorhiziens la Trompette de la mort (
Feuillus ou conifères, peu leur importe…
La Chanterelle, le Meunier, l’Amanite rougissante, la Russule charbonnière, le Pied de mouton sont par exemple des champignons mycorhiziens comestibles non spécifiques que l’on peut rencontrer dans différents types de forêt.
Un paysage créé et maintenu pour le pastoralisme
Au Pays Basque, la lande et la pelouse sont des végétations secondaires, c’est-à-dire créées par l’action de l’homme. Des recherches scientifiques ont démontré que les pelouses et landes que nous observons aujourd’hui ont été gagnées sur la forêt lors d’épisodes successifs de défrichement par le feu à la préhistoire, puis à l’Antiquité. A ces altitudes, sans l’action de l’homme, du bétail et du feu depuis le néolithique, la montagne basque serait recouverte de forêt. L’activité pastorale très présente en Pays-Basque permet de maintenir ce paysage de landes et pelouses, fait plutôt rare dans le reste de l’Europe.
Les bruyères, ajoncs ou fougères que l’on y trouve sont très souvent récoltées par les éleveurs pour servir de litière aux animaux pendant l’hiver, dans les bergeries et étables. Associées aux déjections des animaux, elles produisent un très bon fumier pour fertiliser les prairies. A cause de la forte dynamique de la végétation, le pâturage n’est parfois pas suffisant pour entretenir les milieux et la broussaille s’y développe : on dit que la lande se ferme. C’est pourquoi les éleveurs continuent d’utiliser le feu pour entretenir les pâturages : c’est l’écobuage ou feu pastoral. La lande est donc une végétation en dynamique perpétuelle, sous l’action de l’homme. La pelouse est la végétation rase des estives, des sommets de massifs. Suivant la nature du sol, les plantes qui y poussent sont de qualité variable pour le pâturage des troupeaux. Les sols calcaires donnent en général des pelouses de grande qualité, propices à la fabrication de fromage. Les montagnes de basse altitude sont utilisées toute l’année par les chevaux et notamment les pottock (Baïgoura, Rhune, Artzamendi).
Matricaire camomille
Les fleurs composées (Astéracées) ont commencé leur expansion il y a seulement une trentaine de millions d’années; elles font donc partie des plantes à fleurs les plus jeunes. Séparées par la dérive des continents, les composées eurasiennes et américaines évoluèrent séparément, mais les plus performantes traversèrent l’Atlantique dans les deux sens en compagnie de l’homme pour envahir le monde entier. C’est ainsi qu’un grand nombre d’espèces de chardons, armoises, pissenlits, camomilles, achillées et séneçons eurasiens firent le trajet Europe-Amérique. D’autres herbes comme le galinsoga et l’artémise firent le trajet inverse. La réussite “écologique” des fleurs composées est incroyable, au point qu’il peut être difficile de s’en débarrasser dans un contexte agricole (ex. les chardons).
Avec plus de 1500 genres, cette famille représente de loin la majorité des fleurs pentamères (5 pétales, 5 étamines, 5 carpelles). Toutes ces fausses fleurs sont construites à peu près sur le même modèle de base. Lorsqu’on observe une ombelle, on comprend aisément que le nombre de petites fleurs qu’elle présente est relativement limité, puisque leurs tiges partent d’un même point. Un moyen élégant pour augmenter leur nombre consiste à supprimer les pédicules et à implanter les fleurs côte à côte sur le sommet élargi de la tige, exactement comme les cheveux sont implantés sur notre tête, d’où le nom de capitule donné à cette disposition. Les fleurons (fleurs simples qui composent la fleur composée) décrivent une double spirale dont l’angle est le nombre d’or issu de la suite de Fibonaccci. La forme et l’implantation des fleurons serrés se rapprochent des cellules hexagonales des alvéoles dans la ruche d’abeille.
Les vautours
Pic d’Autza
La destruction de la forêt originelle, la pratique annuelle du brûlis (appelé ici improprement écobuage) pour la destruction de la lande (ajoncs, bruyère, fougère) et le surpâturage entraînent une érosion accrue des sols. On voit ici des plaques mises à nu suite à des glissements de terrain.
Chardon ou Cirse ? Pour les distinguer, il faut prendre une loupe et examiner le fruit. Le fruit est un akène (Fruit sec indéhiscent dont les parois sont distinctes de l’unique graine qu’il renferme – ex. le gland du chêne, la faîne du hêtre) surmonté d’une aigrette de soies. Si chaque soie est simple, il s’agit d’un chardon. Si par contre, les soies sont munies de barbes transversales (des filets longs et minces), il s’agit d’un cirse. Le site en lien montre le Chardon crépu, le Cirse des champs, le Cirse des marais et le Cirse commun. Ma photo n’a pas la résolution suffisante pour que je puisse distinguer les barbes, mais j’opterais pour le Cirse des marais, sans garantie toutefois.
Racines traçantes du hêtre. Alors que nous faisions encore l’ascension dans le bois, un homme qui descendait a trébuché sur une racine, il m’a un peu bousculée, puis il a tenté de se rattraper en s’accrochant à sa femme qui marchait devant lui, pour finir par tomber en manquant de se fracasser la tête contre un rocher affleurant aux arêtes aiguës. Finalement, plus de peur que de mal, il s’en est tiré avec l’arête du nez saignant à grosses gouttes et sans doute quelques ecchymoses ici ou là.
Tout cela pour dire que les hêtres sont dotés de racines traçantes. Je reprends le texte du site en lien :
Elles ne s’enfoncent pas immédiatement sous la souche mais courent d’abord à fleur de terre ou à faible profondeur, tout en se divisant et en bifurquant dans toutes les directions. Il arrive que des racines voisines se soudent ensemble. La couche de terre superficielle est ainsi emprisonnée dans un fin maillage et se retrouve par conséquent peu exposée à être emportée par les eaux ruisselantes en cas de fortes intempéries. Le hêtre est donc une espèce favorisant la conservation de la fertilité des sols. Il y contribue également en produisant une grande quantité de litière de feuilles qui se décompose rapidement en humus. Contrairement au chêne dont l’enracinement dit « pivotant » l’oblige à s’établir sur des sols assez profonds, le hêtre peut faire courir toutes ses racines à fleur de terre quand un obstacle les empêche de s’enfoncer en profondeur. Cette capacité lui ouvre la conquête de milieux tels qu’un sol superficiel couvrant une dalle rocheuse. La vaste étendue couverte par ses racines lui permettra de capter suffisamment d’eau pour ses besoins. Mais cet enracinement confère à l’arbre une assise dite « en galette » pouvant l’exposer à être renversé par le vent à l’occasion d’une forte tempête.
Des hêtres vénérables au tronc râblé (peut-être d’anciens arbres-têtards dont on coupait les branches maîtresses périodiquement ?) et bien moussu (contrairement aux arbres plus jeunes et élancés).
Le hêtre se développe grâce au phénomène de la mycorhize. Durant la randonnée, il m’avait semblé reconnaître de minuscules girolles serrées contre des racines. Ce ne sont en fait que les « fructifications » (les sporophores communément appelés champignons) d’un organisme fongique dont les filaments souterrains (le mycélium) vivent pour partie en association avec les racines de l’arbre. Le rôle des mycorhizes est considérable pour cette espèce, qui sans elles ne peut vivre ni se développer normalement. Les fonctions de cette symbiose sont complexes et concernent schématiquement : l’alimentation en eau, une protection chimique et mécanique des racines contre les bactéries, l’élaboration de substances de croissance, l’amélioration de l’alimentation en minéraux et du sol (humus). Parmi les espèces dont le mycélium peut entrer en symbiose avec les racines du hêtre et peut aussi participer à la biodégradation des éléments morts (feuilles au moins), on trouve celles de champignons connus : des bolets, des lactaires, des amanites, des girolles, des cortinaires, des hébélomes. 100% de ses racines courtes présentent des mycorhizes de couleur, de taille et de morphologie très variées. Elles peuvent être lisses et de couleur orange, brune ou noire, montrer un manteau hérissé de soies blanches ou noires, caractéristiques de Cenococcum, présenter un mycélium frangeant formant un feutrage blanc crème ou un mycélium cotonneux doré, porter des cordons ou des spinules comme chez les Tuber. Les mycorhizes lisses sont élaborées essentiellement par des lactaires et des russules.